L'ADORATION DES MAGES   ( REMBRANDT)    
       

 

  



      La naissance de l'Enfant divin,Enfant-Lumière,exige la venue et l'adoration des Mages, princes et prêtres de Mithra,le dieu Soleil,issu d'un antique culte indo-européen, assimilé, entre autres, à Apollon-Esculape,et au Soleil invincible d'Emèsedepuis le 25 Décembre 274,par la volonté d'Aurélien. La naissance de l'Enfant divin constitue littéralement la nouvelle représentation de la Lumière ; il est le nouveau Soleil,neos helios, Noël;c'est à dire l' Empereur de Rome,qui se glorifiait de ce titre.
Les monnaies d'or de Constantin figuraient les deux visages de l'Empereur et du Soleil invincible, l'un contre l'autre, pour bien manifester l'origine divine et solaire du Princeps.
La création du premier Noël christianisé remonte vraisemblablement au 25 décembre 335, sous Constantin,si l'on en croit la Depositio Martyrum Romae de 336,qui deviendra au siècle suivant le Martyrologe romain.
La fête de Noël constitue l'acmé du culte impérial, et rappelle à chaque solstice d'hiver l'origine divine de l'Empereur romain, dont le culte cimente l'unité de l' Empire . Le christianisme en devient l'expression religieuse définitive à l'initiative du moine Denys le Petit. Dans son calcul du cycle complet de Pâques, celui-ci fixa cette naissance au 25 décembre 753 ab urbe condita,c'est à dire à dater de la création de Rome . Plus tard , au 8ième siècle, un autre moine, Bède le Vénérable,
fera du 1 Janvier 754 ab urbe condita le 1er jour de la future ère chrétienne.Le christianisme se constitue comme un chapitre de l' histoire romaine dont il adopte les croyances en les transformant dans un rituel nouveau exprimant l' unicité divine.
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ARCHEOLOGIE DU CANON CHRETIEN

I     UN SEUL SAUVEUR AUX MULTIPLES VISAGES



  I   Un seul sauveur aux visages multiples
  II   Au temps des prophètes, le triomphe de l'oralité
    
  III  La conversion des chrétiens au christianisme
     
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le christ au galet ( S DALI )

 

SOMMAIRE
1 Le Sauveur selon l'évangile dit de Marc
2  Le Sauveur selon l'évangile dit de Jean
3  Le Sauveur d'après Matthieu et Luc
4  L'inauthenticité des textes
5  La généalogie du roi des juifs
6  Un Sauveur ressuscité et monté aux Cieux

 

 

 

1  Le Sauveur selon l'évangile dit de Marc
     A l'intention du lecteur pressé qui viendrait directement s'enquérir des résultats de l'enquête menée dans ce dernier chapitre, il convient de souligner combien est ambigüe la figure du Sauveur de ceux que l'on appelle encore des chrétiens et non des "christianistes". Selon l'évangile dit de Marc (1 -9 à fin), Il apparait subitement comme un homme mûri par l'âge, orateur populaire subjugant les foules, thérapeute faisant des miracles, habile à éviter les traquenards des pharisiens, scribes et hérodiens; cet homme n'a pas eu de naissance, n'a pas eu d'enfance; Il est le type même de celui qui, toujours présent, agit sans cesse pour le bien de ses fidèles; Il incarne pour eux, la récompense finale méritée par une vie d'opprobres subies ici-bas. Il dessine le Sauveur imaginé au temps du triomphe de l'oralité, prêt à remplacer à lui-seul les anciennes divinités solaires et lunaires de la fécondité car Il est le Maître de la vie.

2  Le Sauveur selon l'évangile dit de Jean
      L'évangile dit de Jean, dans son prologue bien connu, développe une dissertation théologique sur le logos-cosmocrator :
            " Tout fut par Lui -Le Monde fut par Lui -En Lui est la vie et la vie est la lumière des hommes"
Cette affirmation ne fait que consacrer l'antique définition de dieu en tant que lumière. G.Dumézil, naguère, nous a rappelé opportunément que la racine indo-européenne "deiwoss : lumière" a fourni à la langue latine particulièrement : deus, divus, dies (le jour). De tous temps, la vie des hommes a été conditionnée si étroitement par la lumière, que tous, dans tous les lieux et pays, l'ont adorée comme la divinité dont tout procède: leur environnement dans son relief et ses couleurs, la climatologie et la fécondité du sol, l'agrément de la température, l'action fertilisatrice de la lune compensant la désertification dûe à un Soleil trop ardent etc... Le logos de cet évangile johanique n'a donc rien de novateur, sinon qu'il est le Fils du Dieu Unique, baptisant dans l'Esprit-Saint; c'est-à-dire qu'il exprime à lui-seul le concept de Trinité élaborée pour la première fois par le Concile de Nicée en 325.

     Il n'est pas utile, non plus, d'insister sur le caractère très insuffisant de cette définition du dieu-lumière, puisque la lumière est un phénomène purement naturel signalant une matière ondulatoire et corpusculaire que l'homme dompte progressivement depuis qu'il s'est rendu maître du feu il y a environ 350.000 ans.
     Il faudrait par contre s'interroger avec application sur les modalités de l'action créatrice du logos, pour relever immédiatement un anthropomorphisme caractéristique. L'homme ne connaît son environnement et ne se connaît lui-même qu'en donnant un nom à ses états de conscience; c'est par la parole qu'il distingue véritablement ce qui l'entoure, c'est par la parole qu'il crée et sépare. Il ne lui suffit pas d'intérioriser ses sensations, il lui faut objectiver ses perceptions en projetant hors de lui, par une parole proférée ou non, les éléments constitutifs de son milieu de vie. L'homme crée par la parole; Dieu également, qui magnifie,par son verbe-logos, les facultés humaines. Mais,
                       "le Verbe s'est fait chair et a habité parmi nous. ..." .
     A première vue ce verset paraît proférer une lapalissade. Le Verbe cosmocrator est dans le sein du Père, c'est-à-dire engendré et non créé; il ne peut pas agir en dehors du Père; autrement dit, il crée et se réalise par émanation; il ne crée pas au sens où le potier fabrique son ouvrage; il s'est fait chair puisque toute chair émane de lui et est en lui. Il habite en nous de manière permanente puisque nous sommes en lui, sinon nous n'existerions pas. Du point de vue de l'homme le Verbe est tout à la fois immanent et transcendant; transcendant parce que immanent; mais non l'Etre-en-soi, puisqu'il est cosmocrator. En bonne métaphysique thomiste, c'est-à-dire aristotélicienne, il "crée" en actualisant une potentialité; sa "création" dénonce donc son imperfection, son Etre-en-devenir; l'évolution continuelle de notre univers est mue directement par son propre mouvement.

      Concrètement, comme dans l'évangile dit de Marc, ce Verbe cosmocrator est un dieu de la Fécondité, et tout à fait conscient de l'être:
                     " C'est Moi qui suis le pain de vie" (Jean VI -35)
Le Verbe-logos définit ici le dogme de la transsubstantiation exprimée pour la première fois par le 4ème Concile du Latran en 1215. Si les paroles attribuées à Jésus avaient été prononcées du temps de sa vie supposée et rapportées par un évangile écrit à la fin du premier siècle de notre ère, comment aurait-on pu les ignorer durant douze siècles? Malgré les "raisons" développées par les professionnels du divin dans leur descrption d'un dieu pédagogue se révèlant peu à peu aux humains (à quelles occasions? quand et comment ?), force est bien de conclure, au passage, que ceux-ci créent progressivement le dieu dont ils ont besoin.

     Assurément, pour les christianistes, le verset johanique : "le Verbe s'est fait chair et a habité parmi nous" signifie que le cosmocrator a pris une forme humaine, il se serait incarné en un homme bien individualisé. Mais on ne nous donne aucune information ni sur le lieu ni sur la date de sa naissance, alors qu'il aurait suffi de ces deux indications vérifiables pour faire taire toute polémique ultérieure à ce sujet; une vérité historique attestée vaut toujours mieux qu'une simple vérité de foi surtout lorsqu'on proclame la valeur universelle de cette naissance salutaire.

      En fait, tous les évêques chrétiens à partir du IIIème siècle savaient bien qu'une telle naissance dévoilait seulement la valeur symbolique du Salut. Leur Sauveur aurait dû manifester continuellement sa nature divine par une intense lumière issue de son être (le Sauveur étant lumière de lumière), ce que personne n'a noté (sauf à l'occasion de la Transfiguration).

     Aristocrates, ces évêques avaient fréquenté les mêmes écoles supérieures que leurs congénères "païens" philosophes ou hommes de lettres; pour tous, l'incommutabilité des espèces et des natures établissait une règle qui empêchait le cheval de devenir une fourmi volante tout en restant cheval, et Dieu de devenir un homme tout en restant dieu. Mais ces évêques s'ils voulaient être obéis dans leurs collegia devaient partager la langue et les espoirs de leurs communautés d'esclaves et prolétaires, pour lesquels un raisonnement logique ne pouvait l'emporter sur les émotions et les images venant compenser dans leurs consciences les conditions inhumaines de leur existence quotidienne. Que pouvait signifier un langage d'homme "raisonnable" pour des foules vivant très en deçà de l'humanité? Ces évêques se préoccupaient constamment d'établir et de maintenir la discipline dans leurs Associations d'entre-aide; la décollation de Quadratus, évêque intérimaire d'Utique en Afrique du Nord, et la répression consécutive de la Massa Candida constituaient un exemple précis de ce qui pouvait survenir à chacun d'eux, si son collegium se soulevait d'une manière jugée dangereuse par l'Administration romaine.
     Après 212 et le décret de Caracalla, au fur et à mesure que le mouvement chrétien s'organisait conformément aux lois d'Ulpien et de Marcien, et pratiquait un culte privé autorisé, l'obéissance obligeait ces chrétiens à clore leurs réunions par des prières pour le Salut de l'Empire et la bonne santé de l'Empereur.

3  Le Sauveur d'après Matthieu et Luc
     C'est ce besoin d'obéissance et cette religion du pouvoir que viennent traduire clairement les deux évangiles dits de Matthieu et Luc dès leurs premiers chapitres. De même que la mère d'Auguste, Attia, avait été fécondée par Apollon-Esculape, lors de son sommeil dans le temple de l'île Tibérine, de même le Sauveur christianiste naît d'une hiérogamie, de l'union du dieu Trine avec Marie, par l'action de l'Esprit-Saint. Ce Sauveur est donc le fruit d'un inceste sacré puisque:
   le Fils unique de Dieu, Jésus Christ, (est) incarné par une oeuvre commune de toute la Trinité, conçu de Marie toujours vierge, par la coopération du Saint-Esprit comme l'exprime la Constitution sur la Foi catholique publiée par le quatrième Concile oecuménique du Latran en 1215. Le Sauveur se manifeste à la fois comme amant et fils de Marie, et, Christ, oint de Dieu, c'est-à-dire comme Empereur des Romains. Aucun doute ne peut s'élever à ce sujet, malgré les explications allégoriques typologiques ou spirituelles des professionnels du divin.
      Christos est un ancien adjectif dans la langue grecque, déjà utilisé parEuripide. Il désigne la personne humaine qui reçoit de Dieu, par un signe, l'huile attestant son origine divine et son pouvoir sur les hommes. Ce qualificatif de Christos ne peut donc convenir qu'à un prince-homme;à quoi celà servirait-il que le Fils unique de Dieu, dieu lui-même, dans le sein de son Père, fût béni et oint par lui-même? Nous sommes en présence de deux récits développant à leur manière la théologie royale exprimée par l' "Hermès Trismégiste" à la fin du 2ème siècle de notre ère
                "Tout roi est le dernier des dieux et le premier des hommes" (1)
expression dans laquelle se trouve déjà incluse la définition de la double nature en une seule personne que proclamera le Concile de Chalcédoine en 451.

     L'identification totale de l'Empereur des Romains et de ce Sauveur christianiste constitue un tel impératif que les deux évangiles l'ont fait naître comme le nouveau Mithra reconnu et adoré comme tel par les Mages chez Matthieu, et par les bergers chez Luc; les uns et les autres personnages éminents de la mythologie mithriaque. Ce Sauveur surgit comme le nouveau Soleil, Néos Hélios, Noël., titre dont se glorifiait l'Empereur de Rome. Cette identification dans la personne de Mithra est d'autant plus évidente que la scène de la naissance mithriaque est la seule signalée par les évangiles, et capte toutes les attentions. Que le détenteur du pouvoir soit assimilé au Sauveur c'est ce que dit expressément le quatrième Concile oecuménique de Constantinople en 869; il paraphrase l'épître dite aux Romains (XIII -1 à 7) : "Omnis potestas a deo"
       - d'une part il établit le Christ "Empereur céleste et Seigneur de Majesté"; il fait du Christ l'hypostase céleste de l'Empereur romain,
       - d'autre part il déclare que cet Empereur sur terre "très pieux et ami du Christ" , ", . a été élevé au pouvolr par le Sauveur "pour le Salut du Monde"

     Cette déclaration conciliaire justifie amplement toute la statuaire médiévale des "Constantin", par laquelle les fidèles reconnaissaient en Constantin le fondateur de leur religion, statufié à Constantinople au sommet d'une colonne de pierres rouges en dieu solaire, vénéré par tous, et illuminant l'Empire de ses rayons. Cette religion du pouvoir et de l'obéissance conditionne tant encore les consciences christianisées qu'il leur est impossible d'imaginer leur Dieu sous d'autres traits que ceux d'un Seigneur et Roi; elles le qualifient constamment de "Notre Seigneur" ou de "Christ-Roi".

J'ai connu exceptionnellement en France, dans le département de l'Isère, un prêtre catholique alpiniste habitué aux difficiles courses en montagne, qui avait commandé pour sa chapelle de Chapareillan un vitrail figurant son Dieu en premier de cordée dans la traversée du glacier du Gleysin dans le Massif de Puy-Gris. Ce Dieu abandonnait son trône d'Empereur céleste et consentait à devenir un simple ami de l'homme dans ses efforts pour se réaliser.

4  L'inauthenticité des textes
       La naissance mithriaque dans les deux évangiles dits de Matthieu et Luc, situe la scène dans la bourgade de Béthléem mais pour des raisons et à des périodes totalement divergentes. Je me suis suffisamment préoccupé antérieurement de l'inauthenticité des évangiles dans "Quel Nouveau Testament?" et "l'Enigme de Jésus" pour devoir souligner à nouveau les "effets de réel" des rédacteurs-copistes médiévaux glosant des textes obscurcis devenus peu à peu illisibles, jusqu'à ce que leur impression mécanique, rendue nécessaire par suite de la raréfaction des copistes décimés à leur tour par la peste noire de 1348, jusqu'à ce que cette impression mécanique vint fixer les textes. L'archéologie du Canon chrétien ne peut que constater cette évolution continuelle d'écrits que l'on voudrait "sacrés", c'est-à-dire absolument identiques à travers les siècles, à travers les révolutions techniques de l'écriture, la division par chapîtres des livres, la mise en page, la séparation en versets, outre le jeu permanent des fautes matérielles et l'interprétation individuelle des scribes, qui devinrent pratiquement à chaque copie les auteurs de nouveaux textes.

      Vouloir attester leur authenticité originelle par l'intervention d'une tradition orale ne fait qu'ajouter le ridicule à une volonté de puissance surannée par laquelle l'Etat-Eglise du Vatican cherche encore à établir, à son profit, un gouvernement universel des âmes, et, par là, des corps. La tradition orale donne lieu en effet à des jeux de société amusants par lesquels un premier locuteur recueille finalement,avec stupéfaction ou rires, les modifications orales successives subies par la phrase qu'il avait émise à l'origine. Chaque perception constitue chez l'homme une interprétation. Transformer un auditeur en machine à enregistrer, et sa mémoire en bande magnétique, est peu conforme au livre de "La Genèse" affirmant l'homme créé à l'image de Dieu, sauf si Dieu n'est qu'une machine parlante !

5  La généalogie du Roi des Juifs
     La localisation de la naissance du nouveau Mithra à Bethléem, de même que les deux généalogies du Sauveur, doivent donc s'apprécier à travers cette évolution temporelle continue. Il ne s'agit en aucun cas d'une origine historique puisque:
         - dans le récit matthéen, Bethléem est désignée par une référence à l'Ancien Testament.
         - dans le récit lucanien, Bethléem devient la cité où Joseph, habitant Nazareth en Galilée, serait venu se faire recenser par le fisc romain, alors qu'il n'était pas assujetti à cette obligation en tant que Galiléen.

     Il s'agit à la vérité de fixer la naissance du Sauveur dans cette bourgade, qui serait le lieu de naissance du roi David dont on voudrait faire son ancêtre, afin d'accréditer la qualification de "Roi des Juifs" accolée au nom du Sauveur. Mais, en toute hypothèse, comment David pourrait-il être l'ancêtre du Christ? Celui-ci, en effet, naît directement de l'union divine de la Trinité avec Marie par l'opération du Saint-Esprit. Ce Dieu ne peut se confondre avec celui des Juifs; cette hiérogamie, incestueuse à la mode égyptienne, n'a aucun précédent dans les Ecritures juives.

     Rappelons qu'après la décision de Constantin de construire, vers 330, des temples "christianistes" à Jérusalem à la place des lieux de culte élevés par Hadrien dans Aelia Capitolina; et après le premier pélerinage datant des mêmes années; les Lieux Saints du christianisme ont mis onze siècles environ à se structurer: les stations de la Passion supposée de Jésus Roi des Juifs et la via Dolorosa n'ont été imaginées qu'au XVème siècle, l'époque durant laquelle les églises et chapelles se couvrirent de Chemins de Croix.

     Il convient donc de rechercher la période à laquelle la désignation du Christ comme "Roi des Juifs" s'est imposée, avec vraisemblance, aux consciences des fidèles. Comme cette appellation apparaît pratiquement toujours au sommet de la Croix salutaire, et que le Sauveur arrose de son sang fertilisateur la terre entière, cette dénomination vient ainsi caractériser non pas le Sauveur en tant que tel, mais les Juifs eux aussi nourris par ce sang. L'intitulé "Roi des Juifs" ne peut être dissocié de l'assassinat supposé du Christ par les Juifs, qui n' hésitèrent pas à commettre leur crime malgré la qualité royale, c'est-à-dire divine,de la victime, Roi de la Terre entière et donc de la Judée. Ce crime supposé devenait triplement condamnable puisqu'il conduisait à crucifier un homme innocent, un roi, et un dieu. Cette crucifixion régicide et déicide justifierait tous les pogroms meurtriers et les tortures inventées par un antijudaisme éclatant pour la première fois, en 1096, à l'occasion de la première Croisade et de l'expédition de Pierre l'Ermite.

     Dans cette perspective le panonceau "Roi des Juifs" avait pour fonction essentielle non pas de désigner la nationalité de la victime, mais de stigmatiser l'abomination commise par les Juifs, disait-on au Xlème siècle, lorsque l'on constata la mort, sur sa croix triomphale, du dieu fécondateur, afin d'attiser contre eux la haine des Occidentaux puisque, non seulement Infidèles désignés comme tels par Urbain II, ils étaient devenus les assassins impardonnables de leur propre roi.
     On fit donc naître le Sauveur à Bethléem, non pas parce que David était son ancêtre (répétons qu'il ne pouvait l'être en aucune manière), mais parce que 1e Christ était précédemment qualifié de Roi des Juifs puisque "Roi" de la Terre entière.

     Il faut le rappeler fermement, l'antijudaisme occidental n'est pas né d'un supposé déicide régicide que rien ne vient historiquement confirmer. Selon R.Simon, critique acerbe au XVllème siècle, l'antijudaisme s'enracine dans une super-puissance financière de certaines communautés juives en France particulièrement, suscitant la haine des Ordres monastiques dont elle réduisait fortement l'influence sociale; haine telle que Pierre le Vénérable en 1146, dernier Abbé général de Cluny, réclamait du roi Louis VII une expropriation généralisée des Juifs, la répartition de leurs biens au profit des Ordres monastiques (celui de Cluny particulièrement) et leur réduction à l'état d'esclaves des "christianistes". Les paysans d'Europe Occidentale avaient subi au cours des deux siècles antérieurs les "Grandes Faims" qui les obligèrent pour survivre à s'entre tuer pour se nourrir de chair humaine. Ils avaient fini par constater la mort de leur Dieu fécondateur; révoltés ils brisèrent Ses reproductions dans les églises et chapelles au début du Xlème siècle.

     Il fallut bien donner une explication à cette mort. Des moines avisés suggérèrent un déicide pour les Juifs, dont la super puissance financière génait considérablement l'expansion capitaliste des Ordres. Urbain II avait qualifié les Juifs orientaux d'infidèles au même titre que les Musulmans. Quelle différence   pouvait.-on faire entre les Juifs orientaux et les occidentaux ? Ils devinrent tous des infidèles, méritant des châtiments d'autant plus sévères qu'en crucifiant le Christ, disait-on, ils avaient sacrifié, du fait même, leur propre roi.

     En définitive, répétons-le, le Sauveur-Christ, incarné sur terre par l'Empereur des Romains siégeant à Constantinople, vénéré comme source de tout pouvoir, devenu par la volonté constantinienne le Dieu unique par lequel l'unité de l'Empire serait concrétisée, n'a aucune origine juive. Aucun livre de la Bible juive n'a annoncé la naissance d'un Messie Roi des Juifs engendré par une hiérogamie incestueuse, dont l'arrivée sur terre se manifesterait par l'éclat d'un nouveau Mithra, nouveau Soleil, et la lumière de Noël, titre glorieux de l'Empereur romain. En faisant du Sauveur Christ le nouveau Messie des Juifs, les tenants du judéochristianisme s'enferment depuis le milieu du XIX ème siècle dans une attitude hérétique, que l'Eglise-Etat du Vatican tolère pour des raisons d'opportunité. décrites dans "L'erreur du Judéochristianisme".

      L'on ignore volontairement les signes envoyés par l'inconscient collectif et on s'enferme dans les explications les plus oiseuses de textes déchirés et recousus au fil des siècles, abusivement qualifiés de "sacrés" pour donner un peu de poids au travail de commentaire, sans cesse recommencé par les professionnels du divin. La conscience des peuples méditerranéens avait enregistré, depuis le Vlème siècle avant notre ère, l'histoire légendaire du roi de Carthage Malchus, incarnation du Dieu phénicien Melqart, et de son fils Carthalon. .
     Ce dernier, prêtre de Melqart, allait régulièrement à Tyr pour rendre dans son temple, le culte qui lui était dû en lui consacrant la dîme des butins rassemblés par son père à la suite de ses guerres victorieuses. Or, au cours d'un de ses voyages, le roi Malchus , son père, eut besoin de son aide pour une expédition, et lui envoya des messagers afin qu'il revint de suite à Carthage. Carthalon attendit pour exécuter cet ordre d'avoir terminé les cérémonies du culte, ce qui représentait une durée assez longue. A son retour, son père le crucifia dans ses habits de prêtre, en face de la cité de Carthage, pour n'avoir pas obtempéré immédiatement. Cette légende, connue dans les ports de la Méditerranée, préfigurait le sacrifice sur la Croix du Fils de Dieu par Dieu le père, sacrifice mis en scène environ seize siècles plus tard par des consciences christianisées; Dieu est puissance et veut être obéi (2).

6  Un Sauveur ressuscité et monté aux Cieux
      Les quatre évangiles rapportent la résurrection du Sauveur trois jours après sa mort sur la Croix.
     Cette seule constatation suffit à établir la distance qui, dans le temps, sépare ces textes de la profession de Foi des 318 pêres réunis à Nicée en 325 sous la direction effective de Constantin. Cette profession de Foi constitue le premier acte par lequel l'Eglise catholique et apostolique s'est manifestée; il marque l'existence réelle d'une seule Eglise dans l'immensité de l'Empire, travaillant sans cesse à unifier celui-ci sous l'autorité de l'Empereur. Cette profession de Foi a donc une importance capitale sur le plan politique et sur le plan religieux, puisque l'Eglise se dévoile ici comme l'administration religieuse de l'Empire transformant désormais ses évêques en agents de l'Union; alors que certains d'entre eux étaient martyrisés par la justice impériale douze ans auparavant en Occident, un an seulement en Orient.

           " Nous croyons en un seul Dieu et un seul Seigneur Jésus Christ... Lumière de lumière... engendré et non pas créé... qui à cause de nous les hommes et à cause de notre Salut est descendu et s'est incarné, s'est fait homme, a souffert et est ressuscité le troisième jour, est monté aux Cieux... "

     N'insistons pas sur l'absence d'indications quant au lieu et la date de l'incarnation, qu'il eût suffi de préciser pour donner à la profession de Foi une valeur historique. Notons seulement que le Seigneur a souffert en tant qu'homme, d'être homme; la professionde Foi ne comporte aucune mention d'une mort, encore moins d'une mort sur la Croix; elle ajoute que ce Seigneur est ressuscité le troisième jour, voulant signifier que pendant trois jours il aurait pris l'aspect d'un mort, mais qu'il ne pouvait mourir puisqu'il était Dieu, consubstantiel à son père, et cosmocrator c'est-à-dire source de la Vie.

     Cette affirmation,il est vrai, n'apportait aucun élément de surprise aux habitants de l'Empire, les Romains Phrygiens Asiates Egyptiens en particulier, puisque depuis des siècles, au moins cinq siècles à Rome même, on célèbrait chaque année, le 25 Mars, la résurrection d'un dieu incarnant, à l'équinoxe vernal, le renouveau de la terre. Dans le culte métroaque de Cybèle, les trois jours précédant la résurrection constituaient les trois jours de deuil durant lesquels les Romains pleuraient la mort d'Attis (Papa) (3) :
           - Le 22 Mars on coupait un pin, l'arbre du dieu, on processionnait dans la Ville en le portant jusqu'au temple de Cybèle, où on l'exposait à l'adoration de la foule; ce jour-là, on allait fleurir les tombes.
           - Le 23 Mars était réservé aux lamentations
           - Le 24 Mars, le jour du sang, représentait le sommet du cycle; on ensevelissait le pin sacré orné de bandelettes et de fleurs.
           - Le 25 Mars on proclamait la résurrection du dieu; c'était le jour des hilaries.

     Les Romains étaient d'autant plus attachés à ce culte et au symbolisme exprimé, qu'ayant acquis en 205 avant notre ère la statue de Cybèle incrustée d'une météorite noire, ils croyaient devoir à cette déesse leur victoire sur Carthage à Zama en 202.

     La nouvelle institution religieuse de Constantin, dans la mesure où elle se voulait unique pour signifier l'unité de l'Empire, se devait d'attirer ses futurs "fidèles" en conservant, dans un rituel nouveau issu de la volonté unificatrice impériale, leurs croyances ancestrales. La profession de Foi des Pères de Nicée n'est qu'une première étape dans la christianisation des cultes de la Fécondité, qui sera parachevée par le Concile de Chalcédoine en 451.

    Au moment où l'on pourra douter, après les "Grandes Faims" des IXème et Xème siècle de notre ère, de la puissance vitale du Sauveur Christ, le quatrième Concile du Latran en 1215 proclamera le dogme de la Transsubstantiation, et transformera le dieu christianiste en pain de vie de ses fidèles, qui craignaient toujours d'être les proies de terribles famines. Où l'on voit combien la religion du pouvoir promue par l'Etat du Vatican ne peut être universelle; ses rites et sa doctrine restent définitivement marqués par les phénomènes climatiques et le déroulement des saisons de l'hémisphère boréale; elle célèbre une résurrection de son Dieu à la date mobile d'un printemps calculé, mais inconnu dans l'autre partie du Monde.

     Faut-il insister sur l'Ascension au Ciel du Sauveur ?

    On se satisfera de dire, suivant l'expression populaire, " que c'était la moindre des choses"
    Traditionnellement, à la mort de chaque Empereur dont les mérites étaient reconnus par le Sénat romain, l'incinération du cadavre libérait un aigle qui emportait son âme vers l' Olympe où il venait sièger en tant que divus ; cet Empëreur recouvrait sa divinité d'origine. Le Sauveur cosmocrator, dont tout pouvoir dépendait, n'avait besoin ni de bûcher ni d'aigle pour retrouver son séjour dans le Ciel; il lui suffisait de le vouloir sans considération pour la faiblesse de ses supposés apôtres, chargés de répandre une Eglise qu'Il n'avait point fondée.

.          Références bibliographiques
(1) Cf. A.J.FESTUGIERE -"La Révélation d'Hermès Trismégiste" Tome l -pages 324 et 325 Editeur Les Belles Lettres -Paris       RETOUR
(2) Cf. "Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique" Article Malchus -Page 271 Editeur Brépols -Turnhout             RETOUR
(3) Cf. R.TURCAN -"Les cultes orientaux dans le Monde romain" Pages 50 et suivantes Editeur Les Belles Lettres -Paris     RETOUR

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