LES LIVRES CANONIQUES CHRETIENS
                      III        QUEL ANCIEN TESTAMENT ?


      I    AUTORITE DE L'ECRIT ?
     II    LA FABRICATION D'UN TEXTE SACRE
     III  QUEL ANCIEN TESTAMENT ?
     IV   Y A-T-IL UNE TRADITION APOSTOLIQUE ?
     V   QUEL NOUVEAU TESTAMENT ?
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            SOMMAIRE
 
 1 La doctrine de l'Eglise
  2 La Septante
  3 Monothéisme ou monolâtrie ?

 

1 -La doctrine de l'Eglise

Le Concile oecuménique Vatican II commença ses travaux le 11 Octobre 1962. La session VIII réservée à la "Révélation divine" s'ouvrit le 18 Novembre 1965; elle donna lieu à la Constitution dogmatique sur la Révélation divine "Dei Verbum"; en un préambule et six chapitres dont le dernier traite de la Sainte Ecriture dans la vie de l'Eglise.

    On lit:
           "Il faut que l'accès à la Sainte Ecriture soit largement ouvert aux fidèles du Christ. C'est pour cette raison que l'Eglise, dès ses origines, a repris comme sienne cette très ancienne version grecque de l'Ancien Testament, dite des Septante; elle tient toujours en honneur les autres versions orientales et latines, principalement celle qu'on nomme la "Vulgate". Mais comme la Parole de Dieu doit être à la disposition de tous les temps, l'Eglise veille avec une maternelle sollicitude à ce que des traductions appropriées et exactes soient élaborées dans les différentes langues, de préférence à partir des textes originaux des saints Livres... "

     Ce texte très important suscite à l'évidence quelques interrogations. La reprise de la Septante, comme sienne, dès ses origines, manifeste une Eglise déjà instituée, décidant de choisir une version en grec pour que l'accès à la Sainte Ecriture soit largement ouvert aux fidèles du Christ. Pourquoi le grec? Dieu s'est révèlé dans les Ecritures pour le salut de toutes les Nations Le Concile réduit donc volontairement le nombre possible des fidèles du Christ à ceux-là seuls qui, aux origines,parlaient grec. Il avoue ainsi délibérément que l'expression "toutes les Nations"concerne uniquement les populations de l'Empire Romain parlant, écrivant ou comprenant le grec. La raison de ce choix parait totalement contradictoire avec la prétention d'universalité affichée par l'Institution qui, à ses origines, n'a pu toucher qu'un petit nombre d'humains, relativement à la population globale de l'Empire, et bien plus encore de la Terre entière.

     Certes, l'Eglise tient toujours en "honneur" les autres versions de l'Ancien Testament, orientales: hébraïques, syriaques, coptes , et latines, principalement la "Vulgate"; toutefois cette dernière n'est plus rattachée à Jérôme. De quand datent ces autres versions? Peut-on concevoir que les origines de l'Eglise leur soient contemporaines? Que penser de la préoccupation conciliaire d'élaborer des traductions appropriées et exactes à partir des textes originaux des saints Livres?
              "Alors que nous n'avons pas de texte originel dont on pourrait dire :voilà la Bible" ( 1 )
      De surcroit une traduction, la plus soignée possible, n'est jamais qu'une interprétation! Saura-t-on jamais dans les ouvrages chrétiens en français ce que Ethnicos veut dire, traduit faussement par païen?

     Le Concile se contente d'affirmations nébuleuses sur les origines de l'Eglise, il eut suffit d'une date qu'à l'évidence on ne veut pas rechercher. Il les présente comme un fait indiscutable au début d'une ère "chrétienne", sans aucun souci de la lente progressivité d'une formation étalée sur au moins quatre siècles, passant de la clandestinité des sectes anti-impériales,des deux premiers siècles -les tumultes "chrétiens"sous Claude et les répressions sous Marc-Aurèle -à la création des associations d'entraide funéraire au troisième siècle, sous la direction hiérarchique d'évêques reconnus par l'Administration impériale.
      L'unité de l'Eglise se manifeste pour la première fois au Concile de Nicée de 325 sous la présidence effective de Constantin. En adoptant la religion chrétienne, ce dernier en tant que Pontifex Maximus devint le représentant de son Dieu; la religion chrétienne s'institua comme le ciment de l'unité de l'Empire et de sa stabilité politique.

     L'on n'est pas sans remarquer un certain embarras dans les affirmations conciliaires, trahi par l'expression "a repris comme sienne";celà signifie, semble-t-il, que ces écritures grecques sont d'abord connues comme chrétiennes puis abandonnées, enfin reprises comme siennes par l'Eglise dès ses origines. Comme ces livres, écrits à Alexandrie vers 275 avant notre ère, sont incontestablement une traduction de la loi juive, ces hésitations dans l'adoption trahissent une origine non juive de cette Eglise chrétienne: jamais, en effet, les Juifs de la diaspora d'Alexandrie ou d'ailleurs, et moins encore les Judéens de Jérusalem n'auraient renié la Torah, traduite en grec ou non. Cette "reprise" marque à l'égard de la Septante, un temps de doute; elle traduit fugitivement la crise profonde qui secoua la communauté chrétienne de Rome, de 139 à 144, à l'écoute des assertions de Marcion rejetant pour une religion chrétienne encore balbutiante l'héritage de la Bible juive traduite en grec.

2 La Septante
                  
     Qu'est-ce, enfin, que la (version dite des) Septante?
      La Septante est une version grecque approuvée par le Vatican et publiée en 1587 avant l'impression de la "Sixtine" révisée. Son texte, fondé sur le Codex Vaticanus confronté à d'autres manuscrits, a été diffusé à travers tout le 17ème siècle, même en pays protestants Le nom de Septante vient du nombre supposé de personnes employées à la traduction. C'est à l'évidence un nombre symbolique: 70 ou 72. Les quatre lettres qui forment le tétragramme sacré: I.H.V.H. -Jehovah -ont précisément 72 pour équivalent numérique de quoi fonder la révérence traditionnelle juive pour le décuple septenaire. L'appellation du Livre en grec signifierait donc que Jehovah parle en lui et par lui.

     Au sens strict du terme, la Septante comprend la traduction en langue grecque du Pentateuque hébreu, ou Torah, la loi des Juifs. Selon la légende rapportée par la lettre du pseudo Aristée à son frère, Philocrate, l'initiative de cette traduction reviendrait à Démétrios de Phalère, bibliothécaire d'Alexandrie sous le règne du Ptolémée Philadelphe, vers 275 avant notre ère:
             "pour répondre aux exigences d'une politique culturelle de prestige se voulant universaliste" ( 2 )
et parce que Ptolémée était soucieux de connaître pour l'appliquer à bon escient la législation d'une des ethnies importantes de la ville, environ 100.000 Juifs.

     En fait, cette histoire nous conduit à évoquer d'une part la conquête de Babylone par Alexandre en 331 avant notre ère, et d'autre part la division de son Empire entre ses généraux après sa mort en 323. Alexandre et son Administration devait vraisemblablement découvrir à Babylone, au plus tard lorsqu'il décida d'en faire la capitale de son Empire, le texte, hébreu ou traduit de l'hébreu en araméen, de la loi juive. Faut-il le rappeler? les habitants du royaume de Juda prirent, en 587, le chemin de Babylone après l'invasion de leur pays en 597 et la destruction du Temple de Salomon. Cet exil dura cinquante ans, jusqu'à la victoire de Cyrus, en 539, sur le Roi de Babylonie, fils de Nabuchodonosor ,Nabonide. Les rois perses aidèrent même les Juifs à édifier un nouveau Temple, mais ils les gardèrent en une totale sujétion. L'impératif identitaire conduisit les Judéens à repenser leur Histoire et à lui donner un tour définitif autour de leur Loi, "divine" puisque proférée par leurs anciens rois, oints de leur Dieu, particulièrement Josias. Le Pentateuque, dans sa présentation dite Sacerdotale, fut ainsi écrit, à partir du 5ème siècle avant notre ère,avec l'autorisation de la puissance occupante, peut être même sur son ordre, de telle sorte que les Perses eurent en mains un instrument législatif pour juger équitablement les Juifs, qu'ils se trouvassent à Jérusalem, en Mésopotamie, ou dans les diverses colonies échelonnées principalement le long de la route de Sardes à Persépolis.

     C'est ce texte que l'Administration d'Alexandre découvrit et, le cas échéant, utilisa à son tour. Postérieurement à la mort d'Alexandre, lorque des problèmes juridiques ou judiciaires de nature analogue se posèrent aux Lagides à Alexandrie, où vivait la Diaspora Juive la plus importante, soit environ le tiers de la population de la ville. , la solution dut s'imposer à eux de la répétition de ce que les Perses avaient estimé efficace; à celà pouvaient s'ajouter d'autres objectifs de nature purement culturelle et universaliste, buts incarnés antérieurement par la création de la Bibliothèque.

     Le fait s'impose à notre attention: la Septante est, comme la Torah hébraïque, un code législatif; celà représente, sans doute, un ensemble de prescriptions d'origine "divine" obligeant chaque croyant à la soumission pour son salut et, au-delà, celui de son peuple. Mais ce code existe essentiellement comme un outil en la possession du Prince, sous la forme d'ouvrages archivés dans sa bibliothèque à la disposition de son Administration. Le Livre grec ne s'est donc pas diffusé en Egypte par le seul canal des synagogues et, plus tard, à Qmram et dans quelques cercles de lettrés de Samarie et Judée; la Septante constituait un outil politique, objet d'échanges de Souverain à Souverain, ou de bibliothèque à bibliothèque, mais aussi objet de convoitise destiné au pillage. Lorsque l'Egypte tomba progressivement sous le joug de Rome, Jules César, en 48 -47, transforma en un incendie de la Bibliothèque d'Alexandrie, le vol de plusieurs milliers d'ouvrages; Antoine répara la faute en compensant l'outrage par le don à Cléopâtre de dizaines de milliers de volumes prises à la Bibliothèque de Pergame. Postérieurement, les Empereurs romains, propriétaires en titre de l'Egypte, purent disposer pleinement de ce code politico-religieux, qu'ils héritèrent des Lagides.

     Quant à la pratique religieuse juive, Jérusalem restait le centre de référence. On y révérait la langue sacrée, l'hébreu. Dans toute la Palestine, au moins jusqu'à la chute de la ville en 70, on lisait la Torah en hébreu et la traduisait immédiatement en araméen, la langue vernaculaire .

     . En définitive, la Septante est l'une des trois versions connues du Pentateuque, avec le Pentateuque des Juifs repris dans le texte massorétique, et le Pentateuque samaritain. La Septante offre beaucoup d'affinités avec le Samaritain; on pense que les deux proviennent d'une même origine populaire juive, retouchée à l'excès et parfois fortement altérée. Le Samaritain contient environ 6.000 variantes par rapport au texte massorétique, dont au moins 2.000 se retrouvent dans la Septante.

     Richard Simon, dans son "Histoire critique du Vieux Testament" parue en 1678, avait fort bien vu que les Livres du Pentateuque n'étaient pas l'oeuvre de Moïse, mais de "générations successives qui enrichissaient et retouchaient les anciennes Ecritures en les copiant". Il en est ainsi de tous les "Pentateuque" y compris la Septante.

     Si, donc, quelque personne se posait ingénument la question de savoir quelle ressemblance il se trouverait entre le texte officiel romain de la Septante de 1587, et celui de la fin du IIIème siècle avant notre ère, il conviendrait de lui conseiller la lecture d'Edgar Poë, dans sa "Petite discussion avec une Momie". Cette personne se convaincrait aisément qu'il n'y en a aucune, compte tenu notamment des difficultés inhérentes à la reproduction manuscrite des ouvrages; les scribes, pratiquement, écrivaient chaque fois un texte nouveau, du fait de leurs fautes matérielles, de la façon de lire le texte à copier, de leurs erreurs d'interprétation, des modifications volontaires:
             "L'époque où le texte a été relativement fixé est aussi celle où l'on peut dire que les ouvrages ont été définitivement                composés".
     C'est à partir de ce milieu du XVème siècle, date de l'invention de l'imprimerie, que la Bible, Ancien et Nouveau Testament, devint progressivement d'Ecriture "sacrée" un simple objet culturel.

3                  Monothéisme ou Monolâtrie ?

     On connaît le passage fameux de "L'Exode" qui crée, dit-on, le Monothéisme juif:

                   "Car moi je suis le Seigneur ton Dieu, Dieu jaloux" (XX -5) (3)
                              (Ego gâr eïmi kurios ô théos sou, théos zélôtès)
     Cette traduction conventionnelle pose, en fait, quelques problèmes; en effet, elle place, en français, un article défini devant"Seigneur",alors que le texte grec n'en comporte pas. Or, précisent les experts, "l'absence de l'article en grec doit être marquée dans la traduction, car elle a son importance". ( 4 )
     De surcroît, pourquoi n'avoir pas placé aussi un article défini devant "Dieu jaloux", puisqu'en grec ce "théos zélôtès" est traité comme "kurios" ?

    En outre, de qui (ou de quoi) ce Dieu peut-il être jaloux s'il est Unique? S'il n'existe aucun autre dieu au Ciel et sur Terre? Si le culte d'adoration des humains n'a qu'un seul destinataire, Lui? En rétablissant la traduction dans sa littéralité, nous lirions:

                               "Car moi je suis (un) Seigneur ton Dieu, (un) dieu jaloux... ."
     On comprend mieux ainsi la nature du culte rendu par les Juifs au dieu de leur Nation: c'est une monolâtrie, qui se veut monothéisme, du fait de la psychose collective de "peuple élu" développée chez eux par leurs prophètes et scribes instruits en langage divin. Dans leur volonté de forger une identité nationale pérenne, malgré les crises secouant durement leur petit peuple, ces docteurs de la Loi ont créé progressivement, sous l'effet des chocs socio-politiques, un dieu national, unique, dont le culte cimente la solidarité des Judéens entre eux. Mais, adorer un seul dieu sur Terre ne le rend pas seul dans le Ciel.

     Les Judéens n'étaient pas isolés dans le proche Orient; ils étaient entourés de peuples divers, dont ils connaissaient bien les dieux; à tel point que du temps supposé de Jésus ils n'hésitèrent pas à lui manifester leur animosité et leur mépris en le traitant de suppot de "Baal le fumier" (Marc III, 22). Ce Baal était un dieu des Phéniciens, qui adoraient aussi Melkart et leurs parèdres. Les Judéens ne pouvaient pas ne pas se souvenir d'Ishtart (Esther), et de Marduk (Mardoché), divinités de Babylone, lieu de leur exil en 587 avant notre ère; sans omettre les dieux d'Egypte. Leurs prophètes déclarèrent que par cet exil ils payaient les fautes commises à l'égard de Yahweh. Toutefois, aux temps plus récents des Macchabées, les Judéens subirent aussi des persécutions antiochiennes parce qu'ils voulurent protèger, envers et contre tous, le culte de leur dieu national. Ce dieu manifesta son impuissance totale contre les armées romaines qui sous le commandement de Pompée en 62 profanèrent son temple à Jérusalem.

     Les révoltes juives de 66, 115 et 133/135 entraînèrent des désastres tels pour ce peuple qu'il dut attendre environ 19 siècles avant de retrouver une petite Patrie en Palestine, comme un pretium doloris après le drame sans nom de la Shoah. Les Israéliens de notre temps ont une telle peur d'en être à nouveau chassés qu'ils se sont armés outre mesure, ne voyant dans les Arabo-Palestiniens que des usurpateurs ennemis; tout se passe comme s'ils étaient revenus en quelque sorte 21 siècles en arrière, aux temps des durs colonisateurs Hasmonéens.

     Chez les Chrétiens, l'image de leur Sauveur fut longue à se dessiner. Sous l'emprise de l'oralité, chaque communauté cultivait la sienne exclusivement, si bien que des luttes opposèrent parfois violemment les communautés entre elles. Le triomphe de la textualité, l'appropriation progressive de la Septante après 150, et la prédominence de la communauté romaine précisèrent la notion de Salut sous les traits d'un personnage unique, annoncé par les prophètes. Lorsque le christianisme se substitua à la religion des fidèles de Chrestus, le règne du dieu unique s'imposa alors avec force puisque son représentant à Rome et à Constantinople était l'Empereur, l'oint de Dieu (Christos), assimilé au Soleil; divinité adorée de son vivant par l'action de son administration religieuse, l'Eglise dite catholique et apostolique ciment de l'unité de l'Empire.

      A la mort de Constantin, le Christ-Roi devint l'hypostase céleste de l'Empereur, et le christianisme la religion du pouvoir administrée par les évêques, c'est-à-dire la religion de l'obéissance pour les fidèles.

      La catholicité de l'Eglise s'arrêtait aux frontières de l'Empire romain. Son apostolicité découlait nécessairement de l'incarnation de son Dieu et du lien , unique, qu'il fallait créer obligatoirement à partir de Lui puisque l'Eglise impériale se disait sa fille, ou son épouse.

     Les limites de la catholicité, l'existence d'un monde inconnu ou à peine esquissé comme l'Inde ou la Chine, bordant l'Empire, excitait la volonté de puissance ecclésiale, qui prétendait au gouvernement universel des âmes et partant des corps. La monolâtrie du christianisme se transforma en monothéisme de fait lorsqu'elle voulut repousser les limites de son royaumme jusqu'à celles de la Terre entière, au fur et à mesure des découvertes des navigateurs Portugais, Espagnols, Gênois ou autres.

     Il n'y a pas de monothéisme. Le seul fait de parler de trois religions monothéistes suffirait, si les mots avaient encore un sens, à marquer son inexistence. Il existe seulement des monolâtries, juive, chrétienne,musulmane, qui, se voulant exclusives ou impérialistes, ont transformé leurs dieux respectifs en dieux guerriers. Chaque religion a créé son dieu pour parfaire l'identité de ses fidèles.

     Cette fausse notion de monothéisme a été largement diffusée par le judéo-christianisme, développé depuis le milieu du XIXème siècle à la suite des travaux d'A.Garnier le Supérieur Général du séminaire de Saint Sulpice à Paris pour les Chrétiens romains; et d'E.Reuss pour les Réformés. Leur dilection pour la langue hébraïque considérée comme la langue de la révélation divine, leur souci de retrouver un message aussi épuré que possible, les ont conduits, eux et leurs successeurs, à considérer la Torah juive comme l'authentique Ancien Testament des Chrétiens, à la place de la Septante alexandrine en grec.
      Ceci constitue une déviation quasi hérétique de la doctrine de l'Eglise romaine,rappelée par le Concile VaticanII; cette déviation résulte d'un désir de retrouver un texte scientifiquement établi aussi conforme que possible à l'original, celui-ci ne pouvant être qu'hébraïque. Or, on le sait, la Septante a été rédigée dans le premier quart du IIIème siècle avant notre ère; on semble oublier, par contre, que le texte hébreu, lui, a été fixé par les Massorètes entre le VIème et le Xème siècle de notre ère. Ce sont les Massorètes qui divisèrent les textes hébraïques, hérités des époques antérieures, en mots, en phrases et en sections; le texte classique a été rédigé en 930 par Aaron Ben Acher de l'Ecole de Tibériade. ( 5 )

     Le judéo-christianisme a réussi à instituer à Jérusalem une Ecole biblique qui étudie, comme original, un texte en hébreu écrit treize siècles environ après celui de la Septante.

     Le contenu de cette Bible massorètique s'est modifié immanquablement comme tous les textes des manuscrits médiévaux, jusqu'à ce que l'imprimerie le fige, c'est-à-dire le "canonise" à son tour au plus tôt dans la deuxième partie du XVème siècle. On voit par là quels mirages guident les travaux du judéo-christianisme dans sa recherche illusoire d'une langue "divine" originale, qui aurait été utilisée aux temps supposés d'un "Jésus hébreu", inconnu des évangiles.

     On parlerait valablement de monothéisme si la mondialisation en cours aboutissait à faire naître, un jour, une civilisation unique et une religion unique qui serait véritablement la religion de l'humanité; cette religion se doterait d'un dieu unique. Mais tout donne à penser qu'en ces temps futurs et éloignés le mot de dieu, lumière de lumière! paraitraît totalement obsolète puisque la lumière est un phénomène naturel dompté pratiquement par l'homme.

1 Cf. BAUBEROT -"Les retours aux Ecritures -Fondamentalismes présents et passés "  Editeur Peeters -Louvain. retour
2 Cf. M.HARL -"La Bible grecque des Septante" -Editeur CERF -Paris retour
3 Cf. "La Bible d'Alexandrie -Tome 2 L'Exode" -sous la direction de Mme HARL, traduction de A.LE BOULLUEC et      P.SANDEVOIR -Cerf. Paris retour
4 Cf. Mme M.O. GOULET-CAZE -"Vie de Plotin -Tome 1" page 306 , note 4 -Editeur Vrin Paris retour
5 Cf. "Dictionnaire encyclopédique du Judaïsme" -Article Masorah Editeur Cerf -Paris retour

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