3 Après la deuxième guerre mondiale ( 1939 )
Beaucoup pensèrent que les accords du
Latran ne survivraient pas à la chute du fascisme et du royaume d'Italie
(1945 -1946), puisque ces accords avaient été fréquemment
présentés comme une des "gloires" de l'Italie mussolinienne;
d'autant que pendant la guerre en Occident la faillite de la diplomatie vaticane
avait été patente. Le Saint-Siège reçut des informations
précises et fréquentes sur les crimes commis par les nazis, notamment
de la part du gouvernement polonais en exil
et des évêques de ce pays, qui demandèrent une intervention
publique de Pie XII. Le Saint-Siège répondit par une abstention
entêtée justifiiée, disait-on, par la nécessité
de respecter une neutralité absolue à l'égard des belligérants;
on craignait aussi qu'en cas de condamnation officielle le gouvernement allemand
n'accrût ses persécutions. C'est seulement après la signature
de l'armistice de juillet 1943, entre le royaume d'Italie et les Alliés,
par Badoglio, et l'emprisonnement de Mussolini, que le pape permit aux Institutions
ecclésiastiques d'offrir un asile aux Juifs et autres persécutés.
Rome fut occupée par les Allemands jusqu'en Juin 1944, le pape ne condamna
jamais publiquement les crimes des nazis.
En fait, la grave crise morale que traversait
l'humanité, principalement l'Occident, rendait le retour du "religieux"
beaucoup plus oppressant, compte tenu des peurs extrêmes que la guerre
et les crimes avaient réveillées. Ce "retour" allait
jusqu'à s'exprimer dans des fondamentalismes nouveaux touchant toutes
les pratiques religieuse (1). L'opinion
publique se montrait donc très sensible aux discours et entretiens que
Pie XII avait abondamment diffusés par radio, durant le conflit. Dès
la libération de Rome, le Vatican reçut de nombreux visiteurs
venus entendre le pontife.
Celui-ci avait précisé, semble-t-il,
sa pensée sur la démocratie en deux radio-messages de Noël
1942 et Noël 1944. La démocratie paraissait acceptée par
l'Eglise, mais sous réserve d'être inspirée par les principes
évangéliques (?), et populaire. L'Action catholique resterait
l'élément essentiel pour conquérir la Société
au Christ; malheureusement, la guerre allait faucher les jeunes de l'Action
catholique. Par contre, les militants de la Démocratie chrétienne,
dans les principaux pays de l'Europe occidentale, s'organisèrent d'abord
en mouvements de résistance au totalitarisme, puis en partis de gouvernement
des pays libérés. En Italie, le Comité National de Libération
comprenait six partis principaux, dont la D.C.I..Le 2 juin 1946, la République
fut proclamée par référendum; une nouvelle Constitution,
largement inspirée par la D.C.I., fut promulguée le 22 décembre
1947, et entra en application le 1er. janvier 1948. Elle entérina le
Traité du Latran créant l'Etat de la Cité du Vatican. Des
discussions s'engagèrent par la suite pour préciser le contenu
d'un nouveau Concordat; ces discussions aboutirent tardivement le18 février
1984, supprimant le principe de la religion d'Etat; donnant en outre aux parents
et étudiants la liberté de profiter ou non de l'instruction catholique
dans les écoles de l'Etat , en s'absentant le cas échéant.
De plus, comment le gouvernement de la République
italienne aurait-il pu rester insensible au fait que le Saint-Siège avait
conservé des rapports assez étroits, pendant tout le conflit,
avec les U.S.A., malgré l'absence de relations diplomatiques? Le Président
Roosevelt avait nommé,en 1939, un représentant personnel auprès
du Vatican, en la personne de Myron Taylor. La Cité du Vatican et le
Saint-Siège furent donc confirmés dans leur double statut d'Etats
reconnus par un grand nombre de gouvernements. Par la suite, la Cité
du Vatican fut inscrite en tant qu'Etat-Lieu culturel au registre international
de l'U.N.E.S.C.O. le 18 juin 1960. L'Assemblée générale
tenue à Buenos-Aires, le 31 Octobre 1984, déclara tout le Vatican
appartenir au patrimoine artistique de l'humanité.
Celà représentait-il des modifications
dans les doctrines pontificales? principalement à l'égard des
droits de l'homme et du citoyen, ciment des régimes démocratiques?
Dans ses discours, jamais Pie XII ne fit allusion
au Bref "Quod Aliquantum" de PieVI , pour le condamner ou le réformer.
Les droits de l'homme et du citoyen restaient contraires aux droits de dieu;
tout pouvoir procède de celui-ci, et non d'une collectivité humaine.
A la limite, démocratie et christianisme constituaient un couple antinomique,
et lorsque Pie XII parlait de "démocratie chrétienne",
il s'agissait pour lui d'un régime populaire soumis aux directives de
la hiérarchie ecclésiastique.
Sur ce point, il dut se résigner à
voir les partis de la D.C.dans les divers pays européens évoluer
en fonction d'objectifs purement politiques, de prise du pouvoir et de conservation
de celui-ci, tels que la D.C.I. opta finalement pour une "ouverture à
gauche" tout à fait contraire aux souhaits du Vatican. Il y eut
aussi de la part de ces mouvements politiques, constitués par des chrétiens,
la recherche d'une autonomie dans l'action, qui s'imposa au pape comme un fait
accompli. La Démocratie chrétienne en Europe occidentale se libéra
totalement de la puissance pontificale. Dans les années 1965, le pape
Paul VI, disciple de Sturzo et du français J.Maritain, dressa le principe
de l'autonomie du politique par rapport au religieux.
L'on est apparemment assez loin des déclarations
de Pie XII:
"Si
l'avenir appartient à la démocratie, une part essentielle de son
accomplissement devra concerner la religion du Christ et de l'Eglise" (message
radio de Noël1944)
L'Eglise n'avait-elle pas une longue expérience
d'éducation des peuples?
Sa supra-nationalité, n'était-elle
pas un modèle pour l'ordre international? Très conscient de l'importance
du processus d'unification européenne, le journal du Vatican du 27 mars
1957 saluait les traités de Rome comme "l'événement
politique le plus important et le plus significatif de l'histoire de la Ville
éternelle". C'était, pour Pie XII, un pas vers la réalisation
de l'ordre chrétien qu'il souhaitait, d'autant qu'il y avait là
de quoi faire oublier son inaction fatale de la période de guerre. Comme
si la création de l'Union Européenne résultait d'une initiative
du pape!
La "Civilisation chrétienne"
incarnée par le Vatican constituait une exhortation perpétuelle
à l'apostolat des laïcs, qui s'opposait à ce que l'Eglise
fût confinée dans les questions dites "spirituelles".
Pie XII voyait dans cette nouvelle forme d'Action catholique un remède
à la sécularisation grandissante des Sociétés occidentales,
et à leur déchristianisation. Les conséquences du conflit
mondial furent en effet très contrastées. Le retour du "religieux",
d'autant plus accentué que la deuxième guerre mondiale ouvrit
une très longue période, d'au moins un demi siècle , de
conflits de toutes sortes, y compris le terrorisme, ce"retour" était
contre-balancé par une perte de la foi en Jésus. Cette perte de
la foi gagna des couches importantes des populations occidentales, et contribua
à une désertification des temples, églises et chapelles.
La guerre mondiale, par l'ampleur inimaginable des pertes en vies humaines (2),
avait crûment posé le problème de l'existence d'un dieu
venu, disait-on, vingt siècles auparavant pour sauver l'humanité,
et qui ne pouvait, malgré sa toute puissance, empêcher des millions
d'hommes, dont beaucoup étaient ses fidèles, de s'entre-tuer.
En outre, de nombreux édifices dits sacrés, dans lesquels ce dieu
exposait réellement, et non symboliquement, sa présence dans des
ciboires et tabernacles, n'avaient pu résister aux bombes ou obus tirés
par les armées affrontées, et avaient servi de cercueil à
ce dieu qui n'avait jamais plus ressuscité. Les superstitions fondatrices
de la religion chrétienne romaine étaient apparues dans leurs
structures "de peurs transformées ".
Or, le formidable travail d'instruction publique
réalisé après guerre en Occident, et le développement
des sciences dans tous les domaines avaient permi à l'humanité
de mieux comprendre et connaître son univers, c'est-à-dire d'être
moins apeurée, de ressentir une plus grande responsabilité dans
la conduite des destinées individuelles.
En outre, la diversification considérable
des activités économiques libèra les populations des contraintes
agricoles; elles étaient beaucoup moins conditionnées par la fertilité
des sols, la climatologie et tout ce qui conduisait auparavant les foules à
prier un dieu de la Fécondité. Il s'en suivit, dans ces pays occidentaux,
une amélioration générale des conditions de vie, qui apportait
à chacun la possibilité de réfléchir à son
destin, hors des gangues d'illusions emprisonnant autrefois les imaginations.
Ce renversement de situation se traduisit par une raréfaction des vocations
sacerdotales qui obligea les autorités ecclésiastiques à
faire appel à un clergé étranger, venu de Pologne, d'Afrique
noire ou d'Amérique latine par exemple; cependant que des évêques,
le cardinal-archevêque de Paris entre autres, se préoccupèrent
essentiellement de "communication", de créer des émissions
de télévision, voire une station émettrice, espèrant
compenser par la magie des "ondes" et la starisation de leurs "humbles"
(!) personnes, les pertes dans leurs troupeaux.
Une des actions les plus importantes de l'après-
guerre fut la convocation et la tenue du concile oecuménique Vatican
II du 11 octobre 1962 au 8 décembre 1965 ; il mobilisa environ 2.500
pères conciliaires venus du Monde entier. Il constitua une référence
ecclésiologique dans l'histoire du christianisme, mais provoqua une crise
dans l'Eglise, crise annoncée, disait-on, par le dernier "secret
de Fatima", avant les déclarations de Jean-Paul II concernant l'attentat
dont il fut victime à Rome. Le précédent Concile de Vatican
l avait été suspendu et non clos, le 20 octobre 1870, par Pie
IX, après l'occupation de Rome un mois auparavant par les troupes nationalistes
italiennes. Aussi bien, Pie XI en 1923 et Pie XII en 1948, pensèrent-ils
à le reconvoquer, mais un concile oecuménique constitue dans tous
les cas une épreuve redoutable pour le Magister Suprême dans les
mains duquel se sont concentrés depuis la fin du XVIIIème siècle
les instruments de direction de l'Eglise. Ces projets restèrent sans
suite, puis la longue maladie de Pie XII (1954 -1958) laissa pendant quatre
ans la chrétienté déconcertée par l'incapacité
du Saint-Siège à règler la succession d'un pape visiblement
incapable de la diriger, et qui s'enfermait dans une solitude muette, autant
qu'aristocratique.
Son successeur, le débonnaire pape Jean
XXIII, malgré son grand âge de 77 ans, relança la question
le 18 juin 1959. Il s'agissait de convoquer un concile oecuménique non
pour condamner mouvements ou individus, mais pour cimenter l'union de la chrétienté,
et transformer les fidèles en participants actifs aux mystères
de l'Eglise, au lieu de constituer la "clientèle" du clergé.
Qu'advint-il de ces intentions de manifester la
collégialité chrétienne? Certes, on invita au concile des
observateurs venus d'Eglises séparées, bien qu'ils eussent le
sentiment d'aller à Canossa. On invita également la religion juive
à déléguer des représentants, mais l'Etat d'Israël
s'abstint totalement. Il y eut aussi des "hôtes" dont ne parlait
pas le règlement, tel le Frère Schutz de la Communauté
de Taizé, qui ne représentaient qu'eux-mêmes et dont le
statut était calqué sur celui des observateurs en tant que "voix
consultatives réservées".
La séance solennelle d'ouverture eut lieu
le 11 octobre 1962; elle s'ouvrit dans l'enthousiasme et se conclut dans une
certaine inquiétude. Le schéma sur la liturgie provoqua de farouches
oppositions de la part du courant conservateur "d'une rigidité curialiste
post- tridentine" (3). Le 3 juin
1963, Jean XXIII mourut, le concile fut suspendu.
Mgr.Montini fut élu pape le 21 juin 1963
sous le nom de Paul VI. Le 27 juin, le pontife fixait la reprise des travaux
au 12 septembre suivant. La Constitution sur la liturgie fut promulguée
le 18 novembre. La quatrième et dernière session fut triomphale.
La séance de clôture du 8 décembre 1965 avait été
précèdée par le voyage de Paul VI à l'O.N.U. le
5 octobre, où il avait prononcé un discours signifiant "l'entrée
du Saint-Siège dans le concert des Nations" (4).
Le cardinal
Liénart remercia le pontife d'avoir associé le concile à
son voyage et souhaita que ce discours devant l'O.N.U. fut inséré
dans les Actes conciliaires.
La courtoisie montinienne, le ton de grande liberté
donné à ses entretiens avec les journalistes, son affabilité
à se laisser photographier en compagnie de ses visiteurs, bref, la popularité
de Paul VI rendit par contre-coup, après le concile, l'opinion publique
très sensible à la perception d'une crise générale
de l'Eglise catholique romaine, résultant de la crise des vocations sacerdotales
en Europe occidentale, de la crise des mouvements de Démocratie chrétienne,
de la crise de l'Eglise des Pays-Bas etc... En 1970, Mgr. Lefèvre publia
des critiques systématiques de l'oeuvre de Vatican II , formulées
dès 1965 .Certains écrivirent que l'esprit de la République
Française avait inspiré les travaux du concile: collégialité
signifiant égalité, liberté religieuse égalant liberté,
et oecuménisme, fraternité. Mgr. Lefèvre fut suspendu a-
divinis en juillet 1976; il répondit que Vatican II était un concile
schismatique. Par contre, les jeunes Eglises, notamment les Eglises africaines,
le comparèrent au concile fondateur de Nicée en 325. D'autres,
enfin, remarquèrent que loin d'avoir transformé l'autoritarisme
de la Curie romaine, le concile l'avait renforcé. Paul VI ne maitrisait
plus l'anticonciliarisme désordonné que les conservateurs développaient.
Il mourut le 3 Août 1978, laissant une Eglise ébranlée.
De la masse des commentaires subséquents
qui obscursirent encore plus l'horizon, on peut retenir les points suivants:
- Collégialité
et liturgie
Tenter de transformer chaque chrétien en participant actif aux mystères
de l'Eglise, relevait véritablement d'une volonté d'égalisation
des individus, qui allait très au-delà de quelques gestes significatifs
dans la liturgie eucharistique. A terme, on règlait définitivement
la question cruciale du recrutement sacerdotal, faisant de chaque chrétien
, ou chrétienne, un prêtre exécutant directement la magie
presbytérale. Si, à terme, chacun ou chacune pouvait par gestes
et formules appropriés, obliger son dieu à se réduire réellement
aux dimensions d'une hostie, que devenait la hiérarchie ecclésiastique?
En France, tout au moins, depuis les années
1930, il existait des cormmunautés chrétiennes où la messe
était célèbrée face aux fidèles et le latin
traduit en langue vernaculaire. Cependant, ceux-ci se reconnaissaient encore
pêcheurs et ressentaient fortement le besoin d'une intercession pastorale
entre leur dieu et leurs pauvres personnes; il leur fallait obéir à
la voix de leurs prêtres; pratiquement aucun fidèle n'était
préparé à abandonner cette situation d'enfance continuée,
et à se dresser librement en adulte accompli, dans ses relations avec
la divinité.
En outre, l'emploi des langues vernaculaires dans
la liturgie, s'il avait l'avantage indubitable de permettre à chacun
de comprendre les formules utilisées, tendait à créer des
églises séparées par les barrières linguistiques;
le catholicisme ne survivrait plus qu'en souvenir; cette situation nouvelle
devait obliger le successeur de Paul VI à multiplier les voyages pour
maintenir son autorité sur une chrétienté de moins en moins
romaine et de plus en plus sud-américaine et africaine.
- Théologie et révélation
Là- git, finalement, la seule et vraie
question: quelle est l'origine de l'Eglise catholique romaine? divine? sinon
humaine ?se prétendant divine depuis des siècles en une monstrueuse
imposture pour assouvir une volonté de puissance universelle?
Le fait de réhabiliter la Tradition et
de l'établir en un élément certain et définitif
de la Révélation montre à cet égard la profondeur
de l'angoisse de la hiérarchie ecclésiastique. Affirmer dans la
Constitution "Dei Verbum" que les évangiles sont des livres
historiques, mais déclarer par ailleurs que leurs auteurs sont des hagiographes,
revient à reconnaître que ces "livres sacrés"
forment un recueil de récits légendaires, écrits en fonction
des besoins des fidèles, tout au long des siècles, jusqu'à
l'invention de l'imprimerie mécanique, au XVème siècle
seulement, qui gela des écritures variant précédemment
à chaque copie manuelle. L'appel à la Tradition ne permet en aucune
manière de transformer une légende en histoire, du fait même
des conditions de sa création, et de la nature de l'oralité (5).
Imaginer la Tradition, selon le concile Vatican II, comme un paquet bien ficelé
que l'on se transmettrait de mains en mains, relève d'un pur souhait
élaboré, pour le moins, sous l'inspiration de l'Esprit-Saint.
Chaque apôtre aurait dû disposer d'un magnétophone dans la
poche de son habit pour enregistrer les enseignements de son dieu , sous la
réserve que la bande magnétique ne connût pas de manipulations
ultérieures modifiant l'empreinte de la divine voix. La légende
piétrine reste une légende écrite cinq siècles environ
après la mort supposée de Pierre à Rome, à l'occasion
d'une dissension sur la désignation de l'évêque de Rome
entre Symmaque et Laurent, au début du VIème siècle. Répéter,
pendant des siècles après le règne de Constantin , un même
récit sur l'origine divine de l'Eglise stigmatise une croyance, mais
ne fournit pas la preuve rationnelle de sa véracité. La hiérarchie
ecclésiastique est très consciente de ce manque de crédibilité
mais ne trouve pas d'autre réponse que de minimiser l'importance de l'Histoire
en la ravalant au niveau de l'historicisme.
-L'oecuménisme
La démarche de "fraternisation"
dirigée vers les Eglises chrétiennes séparées pose
une question de crédibilité du discours pontifical, surtout lorsque
le 21 novembre 1964, Paul VI déclara Marie, "Mère de l'Eglise".Or
il connaissait les réserves des Réformés à l'égard
de Marie. La nommer "Mère de l'Eglise", c'était vouloir
fermer les portes de celle-ci à tous les protestants et vider l'oecuménisme
de toute substance. On ne saurait trop souhaiter une fraternisation de toutes
les Eglises, qui ne fut pas seulement un travestissement du célèbre
"Compelle intrare" d'Augustin. Il faudrait au moins une déclaration
préalable de l'Eglise romaine abandonnant toute idée de primauté
spirituelle universelle, de "seule vraie religion adorant le seul dieu
unique".
L'invitation faite aux Juifs de participer en
observateurs aux travaux du concile constituait un acte important dans l'imbroglio
des débats consécutifs à la Shoah; le refus était
prévisible, compte tenu des tentatives multiples de la papauté
de s'approprier ce drame juif, afin de détourner l'attention de ses propres
fautes.
On notera enfin que, si l'oecuménisme lance
quelques actions en direction de l'Islam et du Judaïsme, il semble ignorer
totalement les mouvements religieux d'Orient et d'Extrême-Orient: hindouisme,
boudhisme, brahmanisme, confucianisme etc... Le christianisme reste confiné
à l'Occident du Monde et à ses parties occidentalisées.
Pour Jean-Paul II, véritable successeur
de Paul VI dont l'héritage était lourd et contesté, l'oecuménisme
consiste en un "rapprochement autour de la primauté du Siège
de Rome". Bref, la papauté semble bien considérer l'oecuménisme
non comme une véritable "fraternisation", mais comme une "assimilation"
des Eglises séparées pour compenser les pertes subies dans les
rangs de ses fidèles, et pallier toute diminution de sa puissance, notamment
financière.
L'élection, le 6 octobre 1978, de Karol
Wojtyla, sous le nom de Jean-Paul II, après le bref intermède
de Jean-Paul 1er. (trente trois jours), fut un événement choc
dans l'Eglise romaine puisque les cardinaux en consistoire avaient nommé
un pape non-italien. C'était la vérification de cette réalité
sociologique: la désoccidentalisation, si l'on peut dire, de l'Eglise
romaine, et l'annonce certaine de la désignation future de papes africains,
sud-américains, ou philippins. La Curie pouvait craindre de perdre de
son importance en voyant s'éloigner de son Siège le centre de
décision, mais Jean-Paul II, par son homélie d'intronisation du
22 octobre, se plaça dans le droit fil de l'histoire de la papauté
romaine, en se déclarant, lui aussi, Romain, dès cet instant.
Le contraste était saisissant entre les
pontifes précédents âgés et diminués, et cet
homme de 58 ans en pleine possession de ses moyens, rayonnant comme un imperator
dont il revêtait avec un plaisir évident les habits de lumière.
Le Vatican illuminait la chrétienté de son nouveau Soleil (Noël),
et les photographes se précipitèrent pour fixer les traits du
nouveau Constantin. La starisation de ce pape est le trait dominant de son règne,
accentuée par un tempérament de dromomane-type, qui le conduisit
à voyager à travers le Monde des dizaines de fois, et d'abord
au Siège de l'O.N.U. en octobre 1979, où, en tant que "Pasteur
universel" (c'est-à-dire roi de la Terre entière), il invita
l'Organisation à rester
"le suprême
forum de justice et de paix, le siège authentique de la liberté
des peuples et des individus" (6).
Son goût d'ancien comédien pour les
manifestations théâtrales l'amena peu à peu à préférer
les grands rassemblements attirant les représentations télévisuelles
qui feront de lui le concurrent direct des champions sportifs, des acteurs d'Hollywood,
et des prêcheurs-vedettes américains. Encouragés par l'exemple,
de nombreux évêques catholiques s'engagèrent dans cette
voie de la communication, à outrance, s'efforçant de se glisser
dans diverses émissions pour montrer leurs visages et lire quelques pages
choisies dans un évangile préféré,on ne sait pourquoi.
L'Eglise s'efforce aussi de contre-balancer en
Occident le travail de nombreux groupements baptisés sectaires, sans
s'inquiéter du fait qu'elle apparaît ainsi elle-même comme
une secte, employant à l'égard de ses fidèles des méthodes
de lavage de cerveaux. L'existence de ces groupements démontre l'insatisfaction
profonde, induite par la doctrine chrétienne face aux découvertes
scientifiques, de populations de plus en plus nombreuses. Les sciences astrophysiques,
en particulier, ont montré clairement que l'homme était un produit
stellaire, et que la vie avait existé ailleurs que sur la terre. Le géocentrisme
prôné par la religion chrétienne, avec un homme créé
par un dieu qui lui aurait accordé la primauté sur la nature,
n'a aucun répondant rationnel, d'autant moins qu'il fait remonter cette
création à l'époque où des humains pénétraient,
au Moyen-Orient, dans les derniers temps de l'ère néolithique.
Ces résultats scientifiques sont traités avec dérision
par le pape , qui parle à leur sujet de scientisme ou d'historicisme.
Il continue à se référer à une parole de dieu qui
constituerait une "vérité objective" absolument introuvable
dans notre univers du fait même de son évolution permanente n'autorisant
que des vérités relatives, c'est-à-dire temporaires, non-absolues.
Le pape se réfugie avec obstination dans
un monde illusoire, totalement étranger au nôtre, espèrant
, par ses discours, impressionner des populations apeurées , pour, au
nom de son dieu, continuer à imposer la loi de son Eglise. Selon Renan,
celle-ci est une secte "qui aurait réussi"; la réussite
toutefois n'est pas éternelle; elle est appelée inévitablement
à s'effacer.
Les "droits de l'homme" devinrent un
leit-motiv des discours pontificaux, sans que l'on sache précisément
ce que Jean-Paul II signifiait par des formules telles que:
" Une Eglise forte
vis à vis d'une Société que Dieu n'abandonnerait pas à
l'homme, mais que l'homme détruisait en s'opposant aux principes de vérité
dont Dieu l'avait fait dépositaire... " (?)
L'opinion publique a retenu que les droits de
l'homme se confondent avec son devoir d'obéissance à dieu, c'est-à-dire
à son Eglise, qu'en outre ces droits de l'homme ne concernent pas la
femme: celle-ci n'a aucune liberté de disposer de son corps; l'avortement
légal reste formellement interdit par L'Eglise. Pour celle-ci, aujourd'hui,
l'individu reste constitué de deux éléments, opposés
entre eux, l'âme éternelle, source de bien, et le corps élément
terrestre voué à la pourriture mortelle, siège du plaisir
charnel, c'est-à-dire du mal. L'homme, du fait du péché
originel de désobéissance, est naturellement coupable, dominé
par ses instincts mortels de jouissance; il doit lutter continuellement contre
lui-même pour que son âme domine son corps. Le plaisir charnel n'est
permis que dans le mariage en vue de la procréation. L'idéal de
toute vie vraiment religieuse, selon l'Eglise romaine, ne peut se concrétiser
que dans la chasteté; en d'autres termes, l'Eglise prône, pour
idéal, le refus de la transmission de la vie.
Lorsqu'il était évêque en
1971, Jean-Paul II avait insisté avec force au concilium de la Secrétairerie
d'Etat sur la connaturalité entre le célibat et le sacerdoce (7)
faisant ainsi du prêtre un homme voué à
la mort de la race humaine. Quelle supériorité, cachée
à nos yeux, recèle cette situation? On relèvera ici l'ambiguïté
certaine des propos du futur pape. Mgr. Wojtyla avait certainement lu dans "Les
Confessions" ce passage où Augustin, sexologue averti, s'interroge
sur les émissions spontanées de sperme qui viennent inopinément
réjouir les abstinents professionnels (les pollutions, souvent nocturnes,décrites
par les casuistes). Dans les mêmes conditions , les femmes connaissent
aussi naturellement des compensations sensuelles.
Finalement, quelle différence fondamentale
y-a-t-il entre ce refus de la vie "idéalisé" et un avortement
provoqué par une situation dramatique, ou destiné à effacer
un viol ou une malformation prévisible en l'état , d'un foetus?
L'Eglise romaine ne peut pas concevoir l'homme
dans sa globalité, dans son unité individuelle de corps et âme,
mais d'âme contre. un corps, ayant besoin d'une sexualité naturellement
épanouie pour arriver à un état de complétude souhaitable.
Le dieu du pape n'aime pas les gens heureux; c'est pourquoi sa religion "révélée"
ne prononce que des interdictions; elle ne fabrique que des barrières,
renversées fréquemment; la charité chrétienne rêve
alors de ces bûchers anciens, dont les flammes réparatrices permettaient
aux âmes de se dégager de la pourriture corporelle.
Ce n'est donc pas par respect de la vie,
contrairement à ses affirmations, que l'Eglise se mobilise contre l'avortement.
Son attitude parait bien n'être que le résultat d'un réflexe
conditionné, contracté dès sa création par Constantin.
A cette époque, les questions démographiques
revêtaient la plus grande importance du fait de la diminution constante
du nombre d'individus dans l'Empire sous l'effet des mauvaises conditions de
vie et particulièrement d'une mortalité infantile très
élevée. Les patrons romains ensemençaient par droit leurs
esclaves- femmes dans l'espoir d'accroître le nombre de leurs outils de
production. L'Empereur était terrorisé par la question de la protection
des frontières et recherchait par tous les moyens à augmenter
le nombre de ses sujets. La propagation de son culte de personnalité
humano-divine répondait ainsi à des préoccupations concrètes;
son Eglise avait la charge de multiplier les foules d'adorateurs, et la promesse
d'une nouvelle naissance constituait une heureuse perspective qu'il fallait
protèger par dessus tout. Même si l'avortement est vraisemblablement
aussi vieux que l'humanité, le combattre est devenu un devoir religieux
pour cette Eglise romaine chargée d'organiser l'adoration de "l'Empereur
céleste". L'habitude se transforma en réflexe; on justifia
ultérieurement cette attitude par une doctrine dont l'expression a varié
selon les intérêts successifs du Siège dit apostolique.
On l'oublie trop souvent, le Saint-Siège
reste un Etat; comme tous les Etats, il est chargé de défendre
des intérêts matériels et sa puissance se mesure principalement
à ses capacités financières. Celles-ci résultent
notamment du denier du culte et rassemblements de masses à l'occasion
de jubilé, année-sainte, anniversaires de la mort de saints ou
saintes, vénérations de reliques, pélerinages. Toutes ces
manifestations sont sources de recettes qui augmentent ou maintiennent la puissance
de l'Etat. A cet égard, le culte de la personne de Jean-Paul II demeure
un élément capital. A l'heure actuelle où chacun le voit
souffrir des graves incapacités dues à la maladie de Parkinson,
la publication , à grand renfort de publicité, d'albums photographiques
(8) vient imposer les images d'un homme
vigoureux, sportif, aimant la nature, pratiquant la natation, l'alpinisme,ski
etc... Tout est fait, comme au temps de Staline et de Tito, pour créer
l'illusion d'un homme éternel, d'un surhomme-dieu, d'un nouveau Constantin;
sa maladie ne serait qu'une apparente illustration de l'état d'un homme
ordinaire, parkinsonien, se déplaçant sur une chaise à
roulettes poussée par des prêtres dans la basilique Saint-Pierre.
Cette fin de règne représente véritablement le triomphe
non pas d'un dieu, mais de la starisation d'un simple homme, dans ce qu'elle
a de plus détestable et de plus profitable. A preuve, ces voyages dans
les parties les plus reculées de l'Asie Centrale, malgré l'incapacité
de la maladie. Dans son orgueil de dromomane, Jean-Paul II, consentant, doit
rêver, secrètement, de mourir en apothéose au cours d'un
de ces déplacements que la médecine et un vrai respect pour sa
personne devraient interdire.
Finalement, cette grande messe publicitaire tend
à cacher le trouble profond dont est saisie l'Eglise romaine, sous l'effet
de l'évolution des Sociétés occidentales qui lui ont donné
naissance. Les relations avec le judaïsme forment un exemple frappant de
cette confusion des esprits. L'encyclique "Inter multiplices" de Pie
XII, publiée le 24 octobre 1948, prenait en considération le déïcide
commis par les Juifs. Paul VI se rendit en pélerinage en Terre Sainte
en 1964; le 28 octobre 1965, le concile Vatican II, par la déclaration
"Nostra Aetate" , excluait les Juifs de la malédiction et condamnait
l'antisémitisme. Toutefois, peut-on faire oublier un déïcide
consacré par les quatre évangiles déclarés livres
historiques par la Constitution "Dei Verbum" sur la Révélation?
Et , de même,une malédiction souhaitée par les Juifs eux-mêmes
(Matthieu XXVII,25)?... sauf, si les mots n'ont aucun sens.
Sous le règne de Jean-Paul II, ces relations
ont connu diverses alternatives, jusqu'au 30 décembre 1993 où
fut signé un accord fondamental entre les deux Etats d'Israël et
du Saint-Siège incarnant les deux religions, le judaïsme et le christianisme
romain. Aujourd'hui, en février 2002, les représentants des deux
cultes viennent de se réunir à Paris pour établir les bases
d'une "coexistence fraternelle". On dit même que Jean-Paul
II aurait accordé aux religieux juifs le titre de "Frères
aînés". Va-t-on retirer des évangiles les pages relatant
la Passion du Christ? Va-t-on ôter des églises leurs chemins de
croix? Va-t-on dire aux catholiques romains, par voix autorisée, que
depuis dix siècles on les a trompés pour défendre les intérêts
d'Etats conquérants ? Va-t-on expliquer à ces fidèles que
le Christ triomphant mis sur une croix après le concile de Chalcédoine,
en 451, était une
image syncrétiste des cultes de la Fécondité dit païens,
sous le regard bienveillant du dieu-Soleil et du dieu-Lune? Va-t-on leur expliquer
la signification première de la croix? Va-t-on supprimer dans les évangiles,dits
matthéen et lucanien, les pages décrivant la naissance de Jésus
comme le fruit d'une hiérogamie conforme aux mythologies païennes,
et non aux" écritures" dites juives? Va-t-on priver les fidèles,
grands et petits, de la magie de la Crèche? Osera-t-on reconnaître
que le christianisme romain a succédé sans discontinuité
aux cultes dits païens? Que comme eux il est idolâtre? etc...
Mais, par dessus tout, dira-t-on que le judaïsme
est une religion construite par des rabbis en Galilée, après la
destruction de Jérusalem en 70 de notre ère? Dira-t-on que la
lettre de leurs "livres sacrés" a été fixée
par l'école massorétique d'Aaron Ben Ascher à Tibériade
en 930 de notre ère? Rappelera-t-on que la "Septante" vénérée
des archéo-chrétiens a été écrite à
Alexandrie treize siècles auparavant? Où est l'antériorité
de ce judaïsme?
Cette "fraternisation" n'est souhaitée
par le Pape que pour des raisons de circonstances nées de la coupable
indifférence de Pie XII au drame de la Shoah,au moins jusqu'en Juillet
1943; circonstances actualisées par diverses personnalités de
la hiérarchie catholique, d'origine juive, qui craignent encore d'être
traitées par leurs congénères ou parents, d'apostats et
d'opportunistes.
Nos actes nous suivent; arrive l'heure du dénouement
et du repentir.
Jean-Paul II s'est fait le hérault de la
repentance. On est assez étonné du nombre de fautes graves ou
crimes commis par son Eglise. La confusion la plus grande envahit les esprits
à l'idée qu'aucune institution divine, représentative du
dieu véritable et unique, inspirée continuellement dans ses actes
par l'Esprit-Saint, n'aurait pu commettre la moindre erreur, encore moins une
faute. La conclusion nous est donnée dans "Le Dictionnaire historique
de la papauté" , sous la signature de l'auteur de l'article consacré
à Jean-Paul II (9) :
"Le
drame est humain; l'Eglise est humaine"
Il eut été plus justifié de parler de drames au pluriel,
tant l'Eglise de Rome a provoqué, directement ou non, de massacres répétés
répandant un sang innocent trop abondant pour qu'une repentance, même
si, dans l'immédiat, prononcée d'un coeur sincère, puisse
le faire oublier. Il faut considérer le Saint-Siège comme un Etat
qui gouverne ses sujets, ses fidèles, par l'exercice d'un pouvoir totalitaire
, baptisé divin, pour la défense de ses intérêts
matériels.
Une dernière remarque s'impose concernant les positions doctrinales de Jean Paul II. Plus il avance en âge, plus ses forces physiques diminuent du fait de sa maladie et plus sa pensée rejoint les positions les plus conservatrices de la Curie romaine. Tout se passe comme s'il imaginait que répéter les vieilles et absurdes professions de foi sur l'inerrance biblique, la création, le péché originel, la fondation de l'Eglise et l'institution des sacrements par le Christ, la présence réelle et substantielle du Christ dans une hostie , suffirait à consolider la situation de l'Etat dont il est le roi, un roi dont l'incapacité physique suscite les plus graves interrogations sur la direction effective des structures du Vatican. La publication de l'encyclique Fides et Ratio, le 15 octobre 1998 , 20 ans après son élection, représente une sorte de testament spirituel condammant les déviations et erreurs de la pensée moderne, qu'il qualifie de scientisme, historicisme, pragmatisme ou nihilisme. Seul, lui, Jean Paul II, raisonne juste car assisté de l'Esprit Saint; il jouit d'une infaillibilité indiscutable, et chacun doit l'écouter et lui obéir. Mais dans le domaine de la pensée, il faut être précis. Malheureusement, son encyclique fut précédée d'une note datée du 1 juillet 1998, signée du cardinal Radzinger et de Mgr Bertone, secrétaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi,. Cette note affirme expressément que, dès le début, l'Eglise a professé sa foi dans le seigneur crucifié et ressuscité; ce qui est faux par omission. Ces hautes personnalités ecclésiasitiques oublient d'indiquer ce qu'il faut entendre par les débuts de l'Eglise . S'il s'agit du 1er siècle de notre ère, aucune communauté chrétienne n'a adoré un dieu en croix; en outre, le dieu ressuscité, adoré à Rome à cette époque, se nommait Attis et non Jésus. S'il s'agit du 4ème siècle de notre ère, le concile de Nicée en 325, dans sa profession de foi, n'a jamais cité un dieu crucifié; c'est le concile de Chalcédoine en 451 qui l'a présenté pour la première fois. Le concile de Nicée a certes parlé d'un dieu ressuscité le troisième jour; cette précision suffit à qualifier la christianisation par syncrétisme du culte d'Attis (10 )
Concernant la démocratisation de l'Eglise réclamée par certains groupes contestaires, Jean Paul II, recevant le 20 novembre 1998 quelques évêques autrichiens, a condamné" cette conception erronée" qui ne correspond" ni aux données bibliques ni à la tradition de l'Eglise de l'époque des apôtres". Quelle pouvait bien être la tradition de l'Eglise au temps des apôtres ? Nulle, assurément! La tradition ne naitrait que beaucoup plus tard, après eux. En outre, sous l'empire romain, quelle idée aurait-on eue d'un pouvoir démocratique ? Mais la sociologie et la politique ne se sont pas arrêtées en 476. Dans sa lutte continuelle contre les erreurs touchant la foi et la morale, il a ajouté que la vérité n'était pas issue d'une église de base; il s'agit d'un don d'en- haut , qui vient du ciel; donc, dont, seul, le pape ou la curie romaine, est le destinataire. L'on commencerait à juste titre à s'interroger sur les capacités intellectuelles du pontife, s'il n'y avait,de plus, cette obstination mortelle à refuser la diffusion , en Afrique noire particulièrement, des moyens médicaux de lutte contre le sida; le pape voit dans ce fléau la juste manifestation de la colère divine contre les perversions ( ou non ) sexuelles, même s'il touche par contre-coup des millions d'enfants innocents nés de parents contaminés.
Nous avons eu enfin, le lundi 28 janvier 2002, fête de St Thomas d'Aquin, le discours le plus violent jamais prononcé contre le divorce ( fléau et plaie du corps social ). Le pape est allé jusqu'à demander aux avocats et juges italiens de faire jouer la clause de conscience dans tous les dossiers de divorce, et de refuser d'exercer leur profession pour une finalité contraire à la justice; au risque de rallumer une nouvelle guerre civile en Italie, qui a voté en 1974 par référendum contre l'abrogation de la loi autorisant le divorce, en causant à l'Eglise et Paul VI une lourde défaite. Il semble totalement impossible au Vatican de prendre en considération l'évolution de la Société, compte tenu notamment de l'allongement de la durée de vie, qui peut provoquer la désagrégation du lien conjugal, aboutissant à la nécessité d'une séparation ; de nouvelles conditions de travail peuvent aussi dissocier les couples mariés.
Jean Paul II, comme les papes qui l'ont précédé , voue aux feux de l'enfer l'évolutionisme de Darwin; alors que l'univers entier se transforme continuellement. La Sur-réalité-conscience dont nous émanons évolue constamment et donne son mouvement à ce que l'on appelle faussement la création. La vérité n'est pas un don du ciel, figée une fois pour toutes; elle se précise, jour après jour, en fonction de nos perceptions et de nos raisonnements , consolidés dans l'expression de nos connaissances; c'est bien d'en-bas qu'elle procède.
Combien de temps supportera-t-on encore cette
Eglise d'imposture dans sa vanité de fausse héritière des
anciens Empereurs romains, et dont l'existence étatique ne se réfère
à aucun" livre sacré"?
REFERENCES
BIBLIOGRAPHIQUES
1 -Cf. "Les retours aux Ecritures -Fondamentalismes présents et
passés" Edité par Peeters -Louvain -Paris retour
Bibliothèque de l'Ecole des Hautes Etudes -Section des sciences religieuses
Volume 99
2 -Cf. Hans Jonas -"Le concept de Dieu après Auschwitz" Edité
par Rivages -Poche -Paris retour
3 -Cf. "Dictionnaire historique de la Papauté" -sous la direction
de P.Levillain Edité par Fayard -Paris -Article Vatican1 retour
4 -Cf. "Dictionnaire historique de la Papauté" -Op.cit. -Article
Paul VI retour
5 -Cf. Gérard Lenclud -"Qu'est-ce que la Tradition ?" in "Transcrire
les mythologies" sous la direction de Marcel Détienne retour
Edité par Albin Michel -Paris Pages 25 à 44
6 -Cf. "Dictionnaire historique de la Papauté" -Op.cit. Article
Jean-Paul II retour
7 -Cf. "Dictionnaire historique de la Papauté" -Op.cit. Article
Jean-Paul II retour
8 -Cf. Adriano Bartoloni -"Le Pape" Album édité par
Robert Laffont -Paris retour
9 -Cf. "Dictionnaire historique de la Papauté" -Op.cit. Article
Jean-Paul II retour
10 -Cf. "L'appel de Notre-Dame -Apostolat Mondial de Fatima" Bulletin
trimestriel n° 172 -1998 -Paris. " Jean-Paul II , défenseur
de la Foi "
On appréciera la qualité de ce bulletin qui affiche cette devise:
"Pour la paix du Monde par la conversion de la Russie" retour
Dans un article intitulé: "Peut-on faire confiance aux évangiles",
un certain P.L. ressuscite l'évangile hébreu dit de Matthieu,
inventé par Antoine Garnier en 1835; il ne parle absolument pas de la
persécution de Dioclétien poursuivie en Orient jusqu'en 324, qui
a détruit pratiquement tous les manuscrits chrétiens existants
à l'époque.
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