Jean-Paul II ( 1978 - 200- )



      L' élection de Karol Wojtyla au pontificat romain , sous le nom de Jean-Paul II , créa un double choc dans la chrétienté :
     d' une part, le nouveau pape n'était pas italien ; d'autre part , ses 58 ans tranchaient sur les habitudes anciennes . Sa vigueur naturelle faisait oublier ses immédiats prédécesseurs âgés et diminués . Il prit avec une satisfaction évidente les habits de lumière de son nouvel état et les titres correspondants , notamment ceux de Summus Pontifex ( Pontifex Maximus ) et de Pastor Universalis , c'est à dire de " Roi de la terre entière ". Une star ecclésiastique était née , préparée au vedettaria par la culture théatrale du comédien qu'il avait été dans sa jeunesse d' étudiant . Les photographes se précipitèrent pour fixer les gestes bénisseurs du nouveau pontife , qui , dans son homélie d'intronisation, tint à se déclarer " Romain ", endossant ainsi tout l'héritage de Constantin . Animé d' un tempérament de dromomane - type, il parcourut les diverses régions du Monde , des dizaines de fois,
ne vivant réellement que pour ces voyages et dans ces voyages . Sa prédilection pour les manifestations de masses télévisées firent de lui le concurrent direct des champions sportifs , des acteurs hollywoodiens , et autres prêcheurs- vedettes américains ; à tel point que l'on peut s'interroger sur la sincérité des attitudes : a-t-il été photographié en prière ? ou a-t-il prié en apparence pour être photographié ? Quoi qu'il en soit , cette starisation à outrance a fini par tourner inévitablement au culte de la personnalité du Chef , comme dans tout régime totalitaire .
     Maintenant que nous sommes informés de sa grave maladie , qui réduit considérablement ses capacités physiques ; maintenant que nous le voyons dans l'impossibilité de se déplacer sans une aide rapprochée et efficace , la publication , consentie sinon ordonnée , d' albums photographiques le représentant en homme vigoureux , marchant en montagne , faisant du ski de neige, ou nageant dans sa piscine, rappelle trop les manipulations des régimes stalinien, titiste, ou cubain , présentant à l'adoration des foules un personnage hors du commun , incarnant la loi .  Derrière cette agitation scénographique , se cache une pensée dont le conservatisme étroit laisse deviner une prédominance absolue de la Curie romaine, luttant pour le maintien d'un Siège dit apostolique dans ses prétentions à régenter l'Eglise et admonester le Monde . Cette administration pontificale affirme son infaillibilité depuis Grégoire VII , à la fin du 11ème siècle, et s'est illustrée au concile Vatican I de 1870 en la faisant déclarer " dogme révélé par dieu" Totalement insensibles à l'évolution des Sociétés , les curialistes , enfermés dans les murs des Palais du Vatican surchargés d'oeuvres d'art de toute sorte , imaginent leurs structures à l'abri du temps et véritablement éternelles . Cette prédominance est la conséquence naturelle des nombreuses absences de Jean-Paul II, qui ne lui permettent pas de se préoccuper concrètement du gouvernement de l'Eglise , et le transforment, d'une part , pour les non-chrétiens romains , en VRP de son Institution , et d'autre part , pour les fidèles , en porte-voix consentant de la Curie .
     L'encyclique sur la Foi et la Raison , d'octobre 1998 , constitue une sorte de testament spirituel de Jean-Paul II, dénonçant " les déviations et les erreurs de la pensée moderne " , qualifiées dérisoirement de scientisme positivisme historicisme ou nihilisme . Seul , le pape, du fait de l'infaillibilité divine , dit vrai ; chacun doit l'écouter et lui obéir . Cette obstination à prétendre posséder ce qui est humainement impossible, la vérité absolue , caractérise le fondement erroné de cette doctrine , et l'origine simplement humaine de l'Eglise romaine. Cette origine est accentuée , si possible , par les gestes de " repentance " multipliés par Jean-Paul II au cours de ses voyages . Comment une église crée par dieu lui-même aurait-elle pu commettre des erreurs , des fautes , voire des crimes ? " Le drame est humain , l'Eglise est humaine " conclut l' article consacré à ce pape dans le "Dictionnaire historique de la Papauté ".
     Selon Jean-Paul II , son église ne peut pas être démocratisée , car la vérité ne vient pas d'une "église de base ", mais d'en-haut ,du ciel; seul , le pontife romain , ou la Curie , peut l'entendre , la comprendre , la divulguer.
     Son discours très violent sur le divorce , prononcé le 28 janvier 2002 , et le refus de livrer les archives pontificales concernant Pie XII au libre examen des historiens, tous les gestes et discours actuels du pontife , gravement malade et pratiquement infirme , décrivent une Institution complètement repliée sur elle-même et incapable d' évoluer , c'est à dire condamnée à terme à disparaitre , victime de ses propres hallucinations.

                                                 
       "L'Athlète de Dieu " git , prostré dans un fauteuil , vaincu par la maladie de Parkinson et autres maux , frappé d' une invalidité totale l'obligeant à faire lire par un tiers les discours préparés par des Secrétaires .Sa dromomanie est en compensation excitée par ces empêchements à se mouvoir ;  Jean-Paul II ne vit vraiment qu'en voyage ; il vient , en Mai 2002 , d'accomplir son 96ième déplacement pour visiter en Azerbaîdjan moins de 300 fidèles ; son entourage a annoncé son intention de se rendre en Juillet 2002 à Toronto aux Journées mondiales de la Jeunesse . Des milliers de personnes verront ainsi ,éventuellement , le "Pastor Universalis " poussé par des prêtres , assis sur une plate-forme mobile. Il manifestera au monde entier sa dépendance totale de son entourage , mais il pensera donner l'exemple d'un courage " pontifical " ; alors que le simple respect de soi-même et d'autrui devrait le conduire à abandonner sa charge . La seule vérité qu'il professera sera celle de la perversion par le pouvoir, dévoilant en outre la supercherie de la "théocratie " vaticanesque .
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CONCLUSION
III      APRES LES ACCORDS DE LATRAN ( 1929 )
(SUITE)


       

      

3    Après la deuxième guerre mondiale ( 1939 )

     Beaucoup pensèrent que les accords du Latran ne survivraient pas à la chute du fascisme et du royaume d'Italie (1945 -1946), puisque ces accords avaient été fréquemment présentés comme une des "gloires" de l'Italie mussolinienne; d'autant que pendant la guerre en Occident la faillite de la diplomatie vaticane avait été patente. Le Saint-Siège reçut des informations précises et fréquentes sur les crimes commis par les nazis, notamment de la part du gouvernement polonais en exil
et des évêques de ce pays, qui demandèrent une intervention publique de Pie XII. Le Saint-Siège répondit par une abstention entêtée justifiiée, disait-on, par la nécessité de respecter une neutralité absolue à l'égard des belligérants; on craignait aussi qu'en cas de condamnation officielle le gouvernement allemand n'accrût ses persécutions. C'est seulement après la signature de l'armistice de juillet 1943, entre le royaume d'Italie et les Alliés, par Badoglio, et l'emprisonnement de Mussolini, que le pape permit aux Institutions ecclésiastiques d'offrir un asile aux Juifs et autres persécutés. Rome fut occupée par les Allemands jusqu'en Juin 1944, le pape ne condamna jamais publiquement les crimes des nazis.
      En fait, la grave crise morale que traversait l'humanité, principalement l'Occident, rendait le retour du "religieux" beaucoup plus oppressant, compte tenu des peurs extrêmes que la guerre et les crimes avaient réveillées. Ce "retour" allait jusqu'à s'exprimer dans des fondamentalismes nouveaux touchant toutes les pratiques religieuse (1). L'opinion publique se montrait donc très sensible aux discours et entretiens que Pie XII avait abondamment diffusés par radio, durant le conflit. Dès la libération de Rome, le Vatican reçut de nombreux visiteurs venus entendre le pontife.
     Celui-ci avait précisé, semble-t-il, sa pensée sur la démocratie en deux radio-messages de Noël 1942 et Noël 1944. La démocratie paraissait acceptée par l'Eglise, mais sous réserve d'être inspirée par les principes évangéliques (?), et populaire. L'Action catholique resterait l'élément essentiel pour conquérir la Société au Christ; malheureusement, la guerre allait faucher les jeunes de l'Action catholique. Par contre, les militants de la Démocratie chrétienne, dans les principaux pays de l'Europe occidentale, s'organisèrent d'abord en mouvements de résistance au totalitarisme, puis en partis de gouvernement des pays libérés. En Italie, le Comité National de Libération comprenait six partis principaux, dont la D.C.I..Le 2 juin 1946, la République fut proclamée par référendum; une nouvelle Constitution, largement inspirée par la D.C.I., fut promulguée le 22 décembre 1947, et entra en application le 1er. janvier 1948. Elle entérina le Traité du Latran créant l'Etat de la Cité du Vatican. Des discussions s'engagèrent par la suite pour préciser le contenu d'un nouveau Concordat; ces discussions aboutirent tardivement le18 février 1984, supprimant le principe de la religion d'Etat; donnant en outre aux parents et étudiants la liberté de profiter ou non de l'instruction catholique dans les écoles de l'Etat , en s'absentant le cas échéant.
     De plus, comment le gouvernement de la République italienne aurait-il pu rester insensible au fait que le Saint-Siège avait conservé des rapports assez étroits, pendant tout le conflit, avec les U.S.A., malgré l'absence de relations diplomatiques? Le Président Roosevelt avait nommé,en 1939, un représentant personnel auprès du Vatican, en la personne de Myron Taylor. La Cité du Vatican et le Saint-Siège furent donc confirmés dans leur double statut d'Etats reconnus par un grand nombre de gouvernements. Par la suite, la Cité du Vatican fut inscrite en tant qu'Etat-Lieu culturel au registre international de l'U.N.E.S.C.O. le 18 juin 1960. L'Assemblée générale tenue à Buenos-Aires, le 31 Octobre 1984, déclara tout le Vatican appartenir au patrimoine artistique de l'humanité.

     Celà représentait-il des modifications dans les doctrines pontificales? principalement à l'égard des droits de l'homme et du citoyen, ciment des régimes démocratiques?
     Dans ses discours, jamais Pie XII ne fit allusion au Bref "Quod Aliquantum" de PieVI , pour le condamner ou le réformer. Les droits de l'homme et du citoyen restaient contraires aux droits de dieu; tout pouvoir procède de celui-ci, et non d'une collectivité humaine. A la limite, démocratie et christianisme constituaient un couple antinomique, et lorsque Pie XII parlait de "démocratie chrétienne", il s'agissait pour lui d'un régime populaire soumis aux directives de la hiérarchie ecclésiastique.
     Sur ce point, il dut se résigner à voir les partis de la D.C.dans les divers pays européens évoluer en fonction d'objectifs purement politiques, de prise du pouvoir et de conservation de celui-ci, tels que la D.C.I. opta finalement pour une "ouverture à gauche" tout à fait contraire aux souhaits du Vatican. Il y eut aussi de la part de ces mouvements politiques, constitués par des chrétiens, la recherche d'une autonomie dans l'action, qui s'imposa au pape comme un fait accompli. La Démocratie chrétienne en Europe occidentale se libéra totalement de la puissance pontificale. Dans les années 1965, le pape Paul VI, disciple de Sturzo et du français J.Maritain, dressa le principe de l'autonomie du politique par rapport au religieux.
      L'on est apparemment assez loin des déclarations de Pie XII:
             "Si l'avenir appartient à la démocratie, une part essentielle de son accomplissement devra concerner la religion du Christ et de l'Eglise" (message radio de Noël1944)
     L'Eglise n'avait-elle pas une longue expérience d'éducation des peuples?
     Sa supra-nationalité, n'était-elle pas un modèle pour l'ordre international? Très conscient de l'importance du processus d'unification européenne, le journal du Vatican du 27 mars 1957 saluait les traités de Rome comme "l'événement politique le plus important et le plus significatif de l'histoire de la Ville éternelle". C'était, pour Pie XII, un pas vers la réalisation de l'ordre chrétien qu'il souhaitait, d'autant qu'il y avait là de quoi faire oublier son inaction fatale de la période de guerre. Comme si la création de l'Union Européenne résultait d'une initiative du pape!
     La "Civilisation chrétienne" incarnée par le Vatican constituait une exhortation perpétuelle à l'apostolat des laïcs, qui s'opposait à ce que l'Eglise fût confinée dans les questions dites "spirituelles". Pie XII voyait dans cette nouvelle forme d'Action catholique un remède à la sécularisation grandissante des Sociétés occidentales, et à leur déchristianisation. Les conséquences du conflit mondial furent en effet très contrastées. Le retour du "religieux", d'autant plus accentué que la deuxième guerre mondiale ouvrit une très longue période, d'au moins un demi siècle , de conflits de toutes sortes, y compris le terrorisme, ce"retour" était contre-balancé par une perte de la foi en Jésus. Cette perte de la foi gagna des couches importantes des populations occidentales, et contribua à une désertification des temples, églises et chapelles. La guerre mondiale, par l'ampleur inimaginable des pertes en vies humaines (2), avait crûment posé le problème de l'existence d'un dieu venu, disait-on, vingt siècles auparavant pour sauver l'humanité, et qui ne pouvait, malgré sa toute puissance, empêcher des millions d'hommes, dont beaucoup étaient ses fidèles, de s'entre-tuer. En outre, de nombreux édifices dits sacrés, dans lesquels ce dieu exposait réellement, et non symboliquement, sa présence dans des ciboires et tabernacles, n'avaient pu résister aux bombes ou obus tirés par les armées affrontées, et avaient servi de cercueil à ce dieu qui n'avait jamais plus ressuscité. Les superstitions fondatrices de la religion chrétienne romaine étaient apparues dans leurs structures "de peurs transformées ".
     Or, le formidable travail d'instruction publique réalisé après guerre en Occident, et le développement des sciences dans tous les domaines avaient permi à l'humanité de mieux comprendre et connaître son univers, c'est-à-dire d'être moins apeurée, de ressentir une plus grande responsabilité dans la conduite des destinées individuelles.
     En outre, la diversification considérable des activités économiques libèra les populations des contraintes agricoles; elles étaient beaucoup moins conditionnées par la fertilité des sols, la climatologie et tout ce qui conduisait auparavant les foules à prier un dieu de la Fécondité. Il s'en suivit, dans ces pays occidentaux, une amélioration générale des conditions de vie, qui apportait à chacun la possibilité de réfléchir à son destin, hors des gangues d'illusions emprisonnant autrefois les imaginations. Ce renversement de situation se traduisit par une raréfaction des vocations sacerdotales qui obligea les autorités ecclésiastiques à faire appel à un clergé étranger, venu de Pologne, d'Afrique noire ou d'Amérique latine par exemple; cependant que des évêques, le cardinal-archevêque de Paris entre autres, se préoccupèrent essentiellement de "communication", de créer des émissions de télévision, voire une station émettrice, espèrant compenser par la magie des "ondes" et la starisation de leurs "humbles" (!) personnes, les pertes dans leurs troupeaux.
     Une des actions les plus importantes de l'après- guerre fut la convocation et la tenue du concile oecuménique Vatican II du 11 octobre 1962 au 8 décembre 1965 ; il mobilisa environ 2.500 pères conciliaires venus du Monde entier. Il constitua une référence ecclésiologique dans l'histoire du christianisme, mais provoqua une crise dans l'Eglise, crise annoncée, disait-on, par le dernier "secret de Fatima", avant les déclarations de Jean-Paul II concernant l'attentat dont il fut victime à Rome. Le précédent Concile de Vatican l avait été suspendu et non clos, le 20 octobre 1870, par Pie IX, après l'occupation de Rome un mois auparavant par les troupes nationalistes italiennes. Aussi bien, Pie XI en 1923 et Pie XII en 1948, pensèrent-ils à le reconvoquer, mais un concile oecuménique constitue dans tous les cas une épreuve redoutable pour le Magister Suprême dans les mains duquel se sont concentrés depuis la fin du XVIIIème siècle les instruments de direction de l'Eglise. Ces projets restèrent sans suite, puis la longue maladie de Pie XII (1954 -1958) laissa pendant quatre ans la chrétienté déconcertée par l'incapacité du Saint-Siège à règler la succession d'un pape visiblement incapable de la diriger, et qui s'enfermait dans une solitude muette, autant qu'aristocratique.
     Son successeur, le débonnaire pape Jean XXIII, malgré son grand âge de 77 ans, relança la question le 18 juin 1959. Il s'agissait de convoquer un concile oecuménique non pour condamner mouvements ou individus, mais pour cimenter l'union de la chrétienté, et transformer les fidèles en participants actifs aux mystères de l'Eglise, au lieu de constituer la "clientèle" du clergé.
     Qu'advint-il de ces intentions de manifester la collégialité chrétienne? Certes, on invita au concile des observateurs venus d'Eglises séparées, bien qu'ils eussent le sentiment d'aller à Canossa. On invita également la religion juive à déléguer des représentants, mais l'Etat d'Israël s'abstint totalement. Il y eut aussi des "hôtes" dont ne parlait pas le règlement, tel le Frère Schutz de la Communauté de Taizé, qui ne représentaient qu'eux-mêmes et dont le statut était calqué sur celui des observateurs en tant que "voix consultatives réservées".
     La séance solennelle d'ouverture eut lieu le 11 octobre 1962; elle s'ouvrit dans l'enthousiasme et se conclut dans une certaine inquiétude. Le schéma sur la liturgie provoqua de farouches oppositions de la part du courant conservateur "d'une rigidité curialiste post- tridentine" (3). Le 3 juin 1963, Jean XXIII mourut, le concile fut suspendu.

     Mgr.Montini fut élu pape le 21 juin 1963 sous le nom de Paul VI. Le 27 juin, le pontife fixait la reprise des travaux au 12 septembre suivant. La Constitution sur la liturgie fut promulguée le 18 novembre. La quatrième et dernière session fut triomphale. La séance de clôture du 8 décembre 1965 avait été précèdée par le voyage de Paul VI à l'O.N.U. le 5 octobre, où il avait prononcé un discours signifiant "l'entrée du Saint-Siège dans le concert des Nations" (4). Le cardinal
Liénart remercia le pontife d'avoir associé le concile à son voyage et souhaita que ce discours devant l'O.N.U. fut inséré dans les Actes conciliaires.
     La courtoisie montinienne, le ton de grande liberté donné à ses entretiens avec les journalistes, son affabilité à se laisser photographier en compagnie de ses visiteurs, bref, la popularité de Paul VI rendit par contre-coup, après le concile, l'opinion publique très sensible à la perception d'une crise générale de l'Eglise catholique romaine, résultant de la crise des vocations sacerdotales en Europe occidentale, de la crise des mouvements de Démocratie chrétienne, de la crise de l'Eglise des Pays-Bas etc... En 1970, Mgr. Lefèvre publia des critiques systématiques de l'oeuvre de Vatican II , formulées dès 1965 .Certains écrivirent que l'esprit de la République Française avait inspiré les travaux du concile: collégialité signifiant égalité, liberté religieuse égalant liberté, et oecuménisme, fraternité. Mgr. Lefèvre fut suspendu a- divinis en juillet 1976; il répondit que Vatican II était un concile schismatique. Par contre, les jeunes Eglises, notamment les Eglises africaines, le comparèrent au concile fondateur de Nicée en 325. D'autres, enfin, remarquèrent que loin d'avoir transformé l'autoritarisme de la Curie romaine, le concile l'avait renforcé. Paul VI ne maitrisait plus l'anticonciliarisme désordonné que les conservateurs développaient. Il mourut le 3 Août 1978, laissant une Eglise ébranlée.

      De la masse des commentaires subséquents qui obscursirent encore plus l'horizon, on peut retenir les points suivants:
        - Collégialité et liturgie
Tenter de transformer chaque chrétien en participant actif aux mystères de l'Eglise, relevait véritablement d'une volonté d'égalisation des individus, qui allait très au-delà de quelques gestes significatifs dans la liturgie eucharistique. A terme, on règlait définitivement la question cruciale du recrutement sacerdotal, faisant de chaque chrétien , ou chrétienne, un prêtre exécutant directement la magie presbytérale. Si, à terme, chacun ou chacune pouvait par gestes et formules appropriés, obliger son dieu à se réduire réellement aux dimensions d'une hostie, que devenait la hiérarchie ecclésiastique?
     En France, tout au moins, depuis les années 1930, il existait des cormmunautés chrétiennes où la messe était célèbrée face aux fidèles et le latin traduit en langue vernaculaire. Cependant, ceux-ci se reconnaissaient encore pêcheurs et ressentaient fortement le besoin d'une intercession pastorale entre leur dieu et leurs pauvres personnes; il leur fallait obéir à la voix de leurs prêtres; pratiquement aucun fidèle n'était préparé à abandonner cette situation d'enfance continuée, et à se dresser librement en adulte accompli, dans ses relations avec la divinité.
     En outre, l'emploi des langues vernaculaires dans la liturgie, s'il avait l'avantage indubitable de permettre à chacun de comprendre les formules utilisées, tendait à créer des églises séparées par les barrières linguistiques; le catholicisme ne survivrait plus qu'en souvenir; cette situation nouvelle devait obliger le successeur de Paul VI à multiplier les voyages pour maintenir son autorité sur une chrétienté de moins en moins romaine et de plus en plus sud-américaine et africaine.

     - Théologie et révélation
     Là- git, finalement, la seule et vraie question: quelle est l'origine de l'Eglise catholique romaine? divine? sinon humaine ?se prétendant divine depuis des siècles en une monstrueuse imposture pour assouvir une volonté de puissance universelle?
     Le fait de réhabiliter la Tradition et de l'établir en un élément certain et définitif de la Révélation montre à cet égard la profondeur de l'angoisse de la hiérarchie ecclésiastique. Affirmer dans la Constitution "Dei Verbum" que les évangiles sont des livres historiques, mais déclarer par ailleurs que leurs auteurs sont des hagiographes, revient à reconnaître que ces "livres sacrés" forment un recueil de récits légendaires, écrits en fonction des besoins des fidèles, tout au long des siècles, jusqu'à l'invention de l'imprimerie mécanique, au XVème siècle seulement, qui gela des écritures variant précédemment à chaque copie manuelle. L'appel à la Tradition ne permet en aucune manière de transformer une légende en histoire, du fait même des conditions de sa création, et de la nature de l'oralité (5). Imaginer la Tradition, selon le concile Vatican II, comme un paquet bien ficelé que l'on se transmettrait de mains en mains, relève d'un pur souhait élaboré, pour le moins, sous l'inspiration de l'Esprit-Saint. Chaque apôtre aurait dû disposer d'un magnétophone dans la poche de son habit pour enregistrer les enseignements de son dieu , sous la réserve que la bande magnétique ne connût pas de manipulations ultérieures modifiant l'empreinte de la divine voix. La légende piétrine reste une légende écrite cinq siècles environ après la mort supposée de Pierre à Rome, à l'occasion d'une dissension sur la désignation de l'évêque de Rome entre Symmaque et Laurent, au début du VIème siècle. Répéter, pendant des siècles après le règne de Constantin , un même récit sur l'origine divine de l'Eglise stigmatise une croyance, mais ne fournit pas la preuve rationnelle de sa véracité. La hiérarchie ecclésiastique est très consciente de ce manque de crédibilité mais ne trouve pas d'autre réponse que de minimiser l'importance de l'Histoire en la ravalant au niveau de l'historicisme.

       -L'oecuménisme
      La démarche de "fraternisation" dirigée vers les Eglises chrétiennes séparées pose une question de crédibilité du discours pontifical, surtout lorsque le 21 novembre 1964, Paul VI déclara Marie, "Mère de l'Eglise".Or il connaissait les réserves des Réformés à l'égard de Marie. La nommer "Mère de l'Eglise", c'était vouloir fermer les portes de celle-ci à tous les protestants et vider l'oecuménisme de toute substance. On ne saurait trop souhaiter une fraternisation de toutes les Eglises, qui ne fut pas seulement un travestissement du célèbre "Compelle intrare" d'Augustin. Il faudrait au moins une déclaration préalable de l'Eglise romaine abandonnant toute idée de primauté spirituelle universelle, de "seule vraie religion adorant le seul dieu unique".
     L'invitation faite aux Juifs de participer en observateurs aux travaux du concile constituait un acte important dans l'imbroglio des débats consécutifs à la Shoah; le refus était prévisible, compte tenu des tentatives multiples de la papauté de s'approprier ce drame juif, afin de détourner l'attention de ses propres fautes.
     On notera enfin que, si l'oecuménisme lance quelques actions en direction de l'Islam et du Judaïsme, il semble ignorer totalement les mouvements religieux d'Orient et d'Extrême-Orient: hindouisme, boudhisme, brahmanisme, confucianisme etc... Le christianisme reste confiné à l'Occident du Monde et à ses parties occidentalisées.

     Pour Jean-Paul II, véritable successeur de Paul VI dont l'héritage était lourd et contesté, l'oecuménisme consiste en un "rapprochement autour de la primauté du Siège de Rome". Bref, la papauté semble bien considérer l'oecuménisme non comme une véritable "fraternisation", mais comme une "assimilation" des Eglises séparées pour compenser les pertes subies dans les rangs de ses fidèles, et pallier toute diminution de sa puissance, notamment financière.
     L'élection, le 6 octobre 1978, de Karol Wojtyla, sous le nom de Jean-Paul II, après le bref intermède de Jean-Paul 1er. (trente trois jours), fut un événement choc dans l'Eglise romaine puisque les cardinaux en consistoire avaient nommé un pape non-italien. C'était la vérification de cette réalité sociologique: la désoccidentalisation, si l'on peut dire, de l'Eglise romaine, et l'annonce certaine de la désignation future de papes africains, sud-américains, ou philippins. La Curie pouvait craindre de perdre de son importance en voyant s'éloigner de son Siège le centre de décision, mais Jean-Paul II, par son homélie d'intronisation du 22 octobre, se plaça dans le droit fil de l'histoire de la papauté romaine, en se déclarant, lui aussi, Romain, dès cet instant.
     Le contraste était saisissant entre les pontifes précédents âgés et diminués, et cet homme de 58 ans en pleine possession de ses moyens, rayonnant comme un imperator dont il revêtait avec un plaisir évident les habits de lumière. Le Vatican illuminait la chrétienté de son nouveau Soleil (Noël), et les photographes se précipitèrent pour fixer les traits du nouveau Constantin. La starisation de ce pape est le trait dominant de son règne, accentuée par un tempérament de dromomane-type, qui le conduisit à voyager à travers le Monde des dizaines de fois, et d'abord au Siège de l'O.N.U. en octobre 1979, où, en tant que "Pasteur universel" (c'est-à-dire roi de la Terre entière), il invita l'Organisation à rester
           "le suprême forum de justice et de paix, le siège authentique de la liberté des peuples et des individus" (6).
     Son goût d'ancien comédien pour les manifestations théâtrales l'amena peu à peu à préférer les grands rassemblements attirant les représentations télévisuelles qui feront de lui le concurrent direct des champions sportifs, des acteurs d'Hollywood, et des prêcheurs-vedettes américains. Encouragés par l'exemple, de nombreux évêques catholiques s'engagèrent dans cette voie de la communication, à outrance, s'efforçant de se glisser dans diverses émissions pour montrer leurs visages et lire quelques pages choisies dans un évangile préféré,on ne sait pourquoi.

     L'Eglise s'efforce aussi de contre-balancer en Occident le travail de nombreux groupements baptisés sectaires, sans s'inquiéter du fait qu'elle apparaît ainsi elle-même comme une secte, employant à l'égard de ses fidèles des méthodes de lavage de cerveaux. L'existence de ces groupements démontre l'insatisfaction profonde, induite par la doctrine chrétienne face aux découvertes scientifiques, de populations de plus en plus nombreuses. Les sciences astrophysiques, en particulier, ont montré clairement que l'homme était un produit stellaire, et que la vie avait existé ailleurs que sur la terre. Le géocentrisme prôné par la religion chrétienne, avec un homme créé par un dieu qui lui aurait accordé la primauté sur la nature, n'a aucun répondant rationnel, d'autant moins qu'il fait remonter cette création à l'époque où des humains pénétraient, au Moyen-Orient, dans les derniers temps de l'ère néolithique. Ces résultats scientifiques sont traités avec dérision par le pape , qui parle à leur sujet de scientisme ou d'historicisme. Il continue à se référer à une parole de dieu qui constituerait une "vérité objective" absolument introuvable dans notre univers du fait même de son évolution permanente n'autorisant que des vérités relatives, c'est-à-dire temporaires, non-absolues.

     Le pape se réfugie avec obstination dans un monde illusoire, totalement étranger au nôtre, espèrant , par ses discours, impressionner des populations apeurées , pour, au nom de son dieu, continuer à imposer la loi de son Eglise. Selon Renan, celle-ci est une secte "qui aurait réussi"; la réussite toutefois n'est pas éternelle; elle est appelée inévitablement à s'effacer.
     Les "droits de l'homme" devinrent un leit-motiv des discours pontificaux, sans que l'on sache précisément ce que Jean-Paul II signifiait par des formules telles que:
         " Une Eglise forte vis à vis d'une Société que Dieu n'abandonnerait pas à l'homme, mais que l'homme détruisait en s'opposant aux principes de vérité dont Dieu l'avait fait dépositaire... " (?)
     L'opinion publique a retenu que les droits de l'homme se confondent avec son devoir d'obéissance à dieu, c'est-à-dire à son Eglise, qu'en outre ces droits de l'homme ne concernent pas la femme: celle-ci n'a aucune liberté de disposer de son corps; l'avortement légal reste formellement interdit par L'Eglise. Pour celle-ci, aujourd'hui, l'individu reste constitué de deux éléments, opposés entre eux, l'âme éternelle, source de bien, et le corps élément terrestre voué à la pourriture mortelle, siège du plaisir charnel, c'est-à-dire du mal. L'homme, du fait du péché originel de désobéissance, est naturellement coupable, dominé par ses instincts mortels de jouissance; il doit lutter continuellement contre lui-même pour que son âme domine son corps. Le plaisir charnel n'est permis que dans le mariage en vue de la procréation. L'idéal de toute vie vraiment religieuse, selon l'Eglise romaine, ne peut se concrétiser que dans la chasteté; en d'autres termes, l'Eglise prône, pour idéal, le refus de la transmission de la vie.
     Lorsqu'il était évêque en 1971, Jean-Paul II avait insisté avec force au concilium de la Secrétairerie d'Etat sur la connaturalité entre le célibat et le sacerdoce (7) faisant ainsi du prêtre un homme voué à la mort de la race humaine. Quelle supériorité, cachée à nos yeux, recèle cette situation? On relèvera ici l'ambiguïté certaine des propos du futur pape. Mgr. Wojtyla avait certainement lu dans "Les Confessions" ce passage où Augustin, sexologue averti, s'interroge sur les émissions spontanées de sperme qui viennent inopinément réjouir les abstinents professionnels (les pollutions, souvent nocturnes,décrites par les casuistes). Dans les mêmes conditions , les femmes connaissent aussi naturellement des compensations sensuelles.
     Finalement, quelle différence fondamentale y-a-t-il entre ce refus de la vie "idéalisé" et un avortement provoqué par une situation dramatique, ou destiné à effacer un viol ou une malformation prévisible en l'état , d'un foetus?
     L'Eglise romaine ne peut pas concevoir l'homme dans sa globalité, dans son unité individuelle de corps et âme, mais d'âme contre. un corps, ayant besoin d'une sexualité naturellement épanouie pour arriver à un état de complétude souhaitable. Le dieu du pape n'aime pas les gens heureux; c'est pourquoi sa religion "révélée" ne prononce que des interdictions; elle ne fabrique que des barrières, renversées fréquemment; la charité chrétienne rêve alors de ces bûchers anciens, dont les flammes réparatrices permettaient aux âmes de se dégager de la pourriture corporelle.
      Ce n'est donc pas par respect de la vie, contrairement à ses affirmations, que l'Eglise se mobilise contre l'avortement. Son attitude parait bien n'être que le résultat d'un réflexe conditionné, contracté dès sa création par Constantin.

     A cette époque, les questions démographiques revêtaient la plus grande importance du fait de la diminution constante du nombre d'individus dans l'Empire sous l'effet des mauvaises conditions de vie et particulièrement d'une mortalité infantile très élevée. Les patrons romains ensemençaient par droit leurs esclaves- femmes dans l'espoir d'accroître le nombre de leurs outils de production. L'Empereur était terrorisé par la question de la protection des frontières et recherchait par tous les moyens à augmenter le nombre de ses sujets. La propagation de son culte de personnalité humano-divine répondait ainsi à des préoccupations concrètes; son Eglise avait la charge de multiplier les foules d'adorateurs, et la promesse d'une nouvelle naissance constituait une heureuse perspective qu'il fallait protèger par dessus tout. Même si l'avortement est vraisemblablement aussi vieux que l'humanité, le combattre est devenu un devoir religieux pour cette Eglise romaine chargée d'organiser l'adoration de "l'Empereur céleste". L'habitude se transforma en réflexe; on justifia ultérieurement cette attitude par une doctrine dont l'expression a varié selon les intérêts successifs du Siège dit apostolique.
     On l'oublie trop souvent, le Saint-Siège reste un Etat; comme tous les Etats, il est chargé de défendre des intérêts matériels et sa puissance se mesure principalement à ses capacités financières. Celles-ci résultent notamment du denier du culte et rassemblements de masses à l'occasion de jubilé, année-sainte, anniversaires de la mort de saints ou saintes, vénérations de reliques, pélerinages. Toutes ces manifestations sont sources de recettes qui augmentent ou maintiennent la puissance de l'Etat. A cet égard, le culte de la personne de Jean-Paul II demeure un élément capital. A l'heure actuelle où chacun le voit souffrir des graves incapacités dues à la maladie de Parkinson, la publication , à grand renfort de publicité, d'albums photographiques (8) vient imposer les images d'un homme vigoureux, sportif, aimant la nature, pratiquant la natation, l'alpinisme,ski etc... Tout est fait, comme au temps de Staline et de Tito, pour créer l'illusion d'un homme éternel, d'un surhomme-dieu, d'un nouveau Constantin; sa maladie ne serait qu'une apparente illustration de l'état d'un homme ordinaire, parkinsonien, se déplaçant sur une chaise à roulettes poussée par des prêtres dans la basilique Saint-Pierre. Cette fin de règne représente véritablement le triomphe non pas d'un dieu, mais de la starisation d'un simple homme, dans ce qu'elle a de plus détestable et de plus profitable. A preuve, ces voyages dans les parties les plus reculées de l'Asie Centrale, malgré l'incapacité de la maladie. Dans son orgueil de dromomane, Jean-Paul II, consentant, doit rêver, secrètement, de mourir en apothéose au cours d'un de ces déplacements que la médecine et un vrai respect pour sa personne devraient interdire.

     Finalement, cette grande messe publicitaire tend à cacher le trouble profond dont est saisie l'Eglise romaine, sous l'effet de l'évolution des Sociétés occidentales qui lui ont donné naissance. Les relations avec le judaïsme forment un exemple frappant de cette confusion des esprits. L'encyclique "Inter multiplices" de Pie XII, publiée le 24 octobre 1948, prenait en considération le déïcide commis par les Juifs. Paul VI se rendit en pélerinage en Terre Sainte en 1964; le 28 octobre 1965, le concile Vatican II, par la déclaration "Nostra Aetate" , excluait les Juifs de la malédiction et condamnait l'antisémitisme. Toutefois, peut-on faire oublier un déïcide consacré par les quatre évangiles déclarés livres historiques par la Constitution "Dei Verbum" sur la Révélation? Et , de même,une malédiction souhaitée par les Juifs eux-mêmes (Matthieu XXVII,25)?... sauf, si les mots n'ont aucun sens.
     Sous le règne de Jean-Paul II, ces relations ont connu diverses alternatives, jusqu'au 30 décembre 1993 où fut signé un accord fondamental entre les deux Etats d'Israël et du Saint-Siège incarnant les deux religions, le judaïsme et le christianisme romain. Aujourd'hui, en février 2002, les représentants des deux cultes viennent de se réunir à Paris pour établir les bases d'une "coexistence fraternelle". On dit même que Jean-Paul II aurait accordé aux religieux juifs le titre de "Frères aînés". Va-t-on retirer des évangiles les pages relatant la Passion du Christ? Va-t-on ôter des églises leurs chemins de croix? Va-t-on dire aux catholiques romains, par voix autorisée, que depuis dix siècles on les a trompés pour défendre les intérêts d'Etats conquérants ? Va-t-on expliquer à ces fidèles que le Christ triomphant mis sur une croix après le concile de Chalcédoine, en 451, était une
image syncrétiste des cultes de la Fécondité dit païens, sous le regard bienveillant du dieu-Soleil et du dieu-Lune? Va-t-on leur expliquer la signification première de la croix? Va-t-on supprimer dans les évangiles,dits matthéen et lucanien, les pages décrivant la naissance de Jésus comme le fruit d'une hiérogamie conforme aux mythologies païennes, et non aux" écritures" dites juives? Va-t-on priver les fidèles, grands et petits, de la magie de la Crèche? Osera-t-on reconnaître que le christianisme romain a succédé sans discontinuité aux cultes dits païens? Que comme eux il est idolâtre? etc...
     Mais, par dessus tout, dira-t-on que le judaïsme est une religion construite par des rabbis en Galilée, après la destruction de Jérusalem en 70 de notre ère? Dira-t-on que la lettre de leurs "livres sacrés" a été fixée par l'école massorétique d'Aaron Ben Ascher à Tibériade en 930 de notre ère? Rappelera-t-on que la "Septante" vénérée des archéo-chrétiens a été écrite à Alexandrie treize siècles auparavant? Où est l'antériorité de ce judaïsme?
     Cette "fraternisation" n'est souhaitée par le Pape que pour des raisons de circonstances nées de la coupable indifférence de Pie XII au drame de la Shoah,au moins jusqu'en Juillet 1943; circonstances actualisées par diverses personnalités de la hiérarchie catholique, d'origine juive, qui craignent encore d'être traitées par leurs congénères ou parents, d'apostats et d'opportunistes.
     Nos actes nous suivent; arrive l'heure du dénouement et du repentir.
     Jean-Paul II s'est fait le hérault de la repentance. On est assez étonné du nombre de fautes graves ou crimes commis par son Eglise. La confusion la plus grande envahit les esprits à l'idée qu'aucune institution divine, représentative du dieu véritable et unique, inspirée continuellement dans ses actes par l'Esprit-Saint, n'aurait pu commettre la moindre erreur, encore moins une faute. La conclusion nous est donnée dans "Le Dictionnaire historique de la papauté" , sous la signature de l'auteur de l'article consacré à Jean-Paul II (9) :
               "Le drame est humain; l'Eglise est humaine"
Il eut été plus justifié de parler de drames au pluriel, tant l'Eglise de Rome a provoqué, directement ou non, de massacres répétés répandant un sang innocent trop abondant pour qu'une repentance, même si, dans l'immédiat, prononcée d'un coeur sincère, puisse le faire oublier. Il faut considérer le Saint-Siège comme un Etat qui gouverne ses sujets, ses fidèles, par l'exercice d'un pouvoir totalitaire , baptisé divin, pour la défense de ses intérêts matériels.

     Une dernière remarque s'impose concernant les positions doctrinales de Jean Paul II. Plus il avance en âge, plus ses forces physiques diminuent du fait de sa maladie et plus sa pensée rejoint les positions les plus conservatrices de la Curie romaine. Tout se passe comme s'il imaginait que répéter les vieilles et absurdes professions de foi sur l'inerrance biblique, la création, le péché originel, la fondation de l'Eglise et l'institution des sacrements par le Christ, la présence réelle et substantielle du Christ dans une hostie , suffirait à consolider la situation de l'Etat dont il est le roi, un roi dont l'incapacité physique suscite les plus graves interrogations sur la direction effective des structures du Vatican. La publication de l'encyclique Fides et Ratio, le 15 octobre 1998 , 20 ans après son élection, représente une sorte de testament spirituel condammant les déviations et erreurs de la pensée moderne, qu'il qualifie de scientisme, historicisme, pragmatisme ou nihilisme. Seul, lui, Jean Paul II, raisonne juste car assisté de l'Esprit Saint; il jouit d'une infaillibilité indiscutable, et chacun doit l'écouter et lui obéir. Mais dans le domaine de la pensée, il faut être précis. Malheureusement, son encyclique fut précédée d'une note datée du 1 juillet 1998, signée du cardinal Radzinger et de Mgr Bertone, secrétaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi,. Cette note affirme expressément que, dès le début, l'Eglise a professé sa foi dans le seigneur crucifié et ressuscité; ce qui est faux par omission. Ces hautes personnalités ecclésiasitiques oublient d'indiquer ce qu'il faut entendre par les débuts de l'Eglise . S'il s'agit du 1er siècle de notre ère, aucune communauté chrétienne n'a adoré un dieu en croix; en outre, le dieu ressuscité, adoré à Rome à cette époque, se nommait Attis et non Jésus. S'il s'agit du 4ème siècle de notre ère, le concile de Nicée en 325, dans sa profession de foi, n'a jamais cité un dieu crucifié; c'est le concile de Chalcédoine en 451 qui l'a présenté pour la première fois. Le concile de Nicée a certes parlé d'un dieu ressuscité le troisième jour; cette précision suffit à qualifier la christianisation par syncrétisme du culte d'Attis (10 )

     Concernant la démocratisation de l'Eglise réclamée par certains groupes contestaires, Jean Paul II, recevant le 20 novembre 1998 quelques évêques autrichiens, a condamné" cette conception erronée" qui ne correspond" ni aux données bibliques ni à la tradition de l'Eglise de l'époque des apôtres". Quelle pouvait bien être la tradition de l'Eglise au temps des apôtres ? Nulle, assurément! La tradition ne naitrait que beaucoup plus tard, après eux. En outre, sous l'empire romain, quelle idée aurait-on eue d'un pouvoir démocratique ? Mais la sociologie et la politique ne se sont pas arrêtées en 476.  Dans sa lutte continuelle contre les erreurs touchant la foi et la morale, il a ajouté que la vérité n'était pas issue d'une église de base; il s'agit d'un don d'en- haut , qui vient du ciel; donc, dont, seul, le pape ou la curie romaine, est le destinataire. L'on commencerait à juste titre à s'interroger sur les capacités intellectuelles du pontife, s'il n'y avait,de plus, cette obstination mortelle à refuser la diffusion , en Afrique noire particulièrement, des moyens médicaux de lutte contre le sida; le pape voit dans ce fléau la juste manifestation de la colère divine contre les perversions ( ou non ) sexuelles, même s'il touche par contre-coup des millions d'enfants innocents nés de parents contaminés.

     Nous avons eu enfin, le lundi 28 janvier 2002, fête de St Thomas d'Aquin, le discours le plus violent jamais prononcé contre le divorce ( fléau et plaie du corps social ). Le pape est allé jusqu'à demander aux avocats et juges italiens de faire jouer la clause de conscience dans tous les dossiers de divorce, et de refuser d'exercer leur profession pour une finalité contraire à la justice; au risque de rallumer une nouvelle guerre civile en Italie, qui a voté en 1974 par référendum contre l'abrogation de la loi autorisant le divorce, en causant à l'Eglise et Paul VI une lourde défaite. Il semble totalement impossible au Vatican de prendre en considération l'évolution de la Société, compte tenu notamment de l'allongement de la durée de vie, qui peut provoquer la désagrégation du lien conjugal, aboutissant à la nécessité d'une séparation ; de nouvelles conditions de travail peuvent aussi dissocier les couples mariés.

     Jean Paul II, comme les papes qui l'ont précédé , voue aux feux de l'enfer l'évolutionisme de Darwin; alors que l'univers entier se transforme continuellement.  La Sur-réalité-conscience dont nous émanons évolue constamment et donne son mouvement à ce que l'on appelle faussement la création. La vérité n'est pas un don du ciel, figée une fois pour toutes; elle se précise, jour après jour, en fonction de nos perceptions et de nos raisonnements , consolidés dans l'expression de nos connaissances; c'est bien d'en-bas qu'elle procède.

     Combien de temps supportera-t-on encore cette Eglise d'imposture dans sa vanité de fausse héritière des anciens Empereurs romains, et dont l'existence étatique ne se réfère à aucun" livre sacré"?


               REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1 -Cf. "Les retours aux Ecritures -Fondamentalismes présents et passés" Edité par Peeters -Louvain -Paris           retour
Bibliothèque de l'Ecole des Hautes Etudes -Section des sciences religieuses Volume 99       
2 -Cf. Hans Jonas -"Le concept de Dieu après Auschwitz" Edité par Rivages -Poche -Paris       retour
3 -Cf. "Dictionnaire historique de la Papauté" -sous la direction de P.Levillain Edité par Fayard -Paris -Article Vatican1            retour
4 -Cf. "Dictionnaire historique de la Papauté" -Op.cit. -Article Paul VI         retour
5 -Cf. Gérard Lenclud -"Qu'est-ce que la Tradition ?" in "Transcrire les mythologies" sous la direction de Marcel Détienne            retour
Edité par Albin Michel -Paris Pages 25 à 44
6 -Cf. "Dictionnaire historique de la Papauté" -Op.cit. Article Jean-Paul II              retour
7 -Cf. "Dictionnaire historique de la Papauté" -Op.cit. Article Jean-Paul II               retour
8 -Cf. Adriano Bartoloni -"Le Pape" Album édité par Robert Laffont -Paris             retour
9 -Cf. "Dictionnaire historique de la Papauté" -Op.cit. Article Jean-Paul II            retour
10 -Cf. "L'appel de Notre-Dame -Apostolat Mondial de Fatima" Bulletin trimestriel n° 172 -1998 -Paris. " Jean-Paul II , défenseur de la Foi "
On appréciera la qualité de ce bulletin qui affiche cette devise: "Pour la paix du Monde par la conversion de la Russie"          retour
Dans un article intitulé: "Peut-on faire confiance aux évangiles", un certain P.L. ressuscite l'évangile hébreu dit de Matthieu, inventé par Antoine Garnier en 1835; il ne parle absolument pas de la persécution de Dioclétien poursuivie en Orient jusqu'en 324, qui a détruit pratiquement tous les manuscrits chrétiens existants à l'époque.




CONCLUSION ORALE

 

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